Avec leur spectacle Inner (2022), la danseuse et chorégraphe Johanna Faye et le compositeur et clarinettiste Yom se découvrent un langage commun dans l'élaboration d'un rituel païen mêlant musique et corps. Et sa résonance avec leurs recherches respectives est si forte qu'il ne pouvait qu'ouvrir la voie à de nouvelles collaborations. Trois ans plus tard, les voilà donc réunis au plateau avec une nouvelle création, sous ma terre il y a de l'eau, croisant de nouveau dans la joie d'un dialogue secret leurs écritures singulières. Soit pour la première un langage chorégraphique sans cesse réinventé, nourri tant par sa pratique de b-girl que par son parcours dans la danse contemporaine, et pour le second une musique emprunte d'influences orientales qui tend dans sa quête de l'espace sacré vers la transe et la méditation. Complice de Yom depuis plusieurs années, l'organiste et Baptiste-Florian Marle-Ouvrard est aussi du voyage. Point de départ : l'eau, élément omniprésent dans l'imaginaire et l'esthétique de Johanna Faye. Au plateau avec les deux musiciens, accompagnée par la création vidéo de l'artiste Ndoho, elle déploie son langage qui en échappant à tout style prédéfini offre de l'élément liquide une approche libre et ample. Au creux de la rencontre toujours inattendue entre la danse et les sons, l'eau qui s'écoule ici est autant la matière immémoriale de l'espace infini que celle qui dans l'intimité s'échappe de nos yeux.
Anaïs Heluin
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