Luciano Berio a défini ce théâtre mental (qu'il appelle le théâtre d'oreille) comme un type de spectacle dont la théâtralité est proprement interne à l'expression vocale. C'est dans les mouvements de la parole chantée, dans la tension entre l'articulation et vocale et le sens, dans le jeu des registres les plus hétérogènes, dans les rapports d'harmonie et d'accompagnement, que se situe tout le ' théâtre '. Chaque spectateur est muni d'un casque d'écoute individuel, et déambule au milieu des chanteurs, qui interprètent la pièce de Berio, comme une diffusion live de cette œuvre destinée à la radiodiffusion.
A-Ronne est précédée d'un prologue électroacoustique de Sébastien Roux qui permet à l'auditeur de contextualiser l'œuvre de Berio dans son aspect radiophonique. Le rapport d'espace entre chanteurs et spectateurs et entre les chanteurs eux-mêmes permet d'explorer l'écart entre ce qui est entendu (la même chose pour tout le monde) et ce qui est vu (qui dépend des mouvements de chacun). La mobilité des chanteurs et du chef suit le dessin de la partition de Berio, soutenue par la lumière de Florian Leduc. Le résultat propose aux spectateurs-auditeurs une immersion sensorielle et physique totale au sein de la musique. Une expérience unique, fascinante, jubilatoire et puissante.
En partenariat avec Césaré
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