Récemment offert au musée, un exemplaire hors commerce de l'ouvrage de François Rabelais, Les horribles et espovantables faietz et prouesses du très renommé Pantagruel, roi des Dispodes, Fils du Géant Gargantua, d'après l'édition d'Abel Lefranc (édité à 275 exemplaires par Albert Skira, Genève, 15 avril 1943) a probablement appartenu à l'artiste lui-même.
Pour accompagner le texte de Rabelais, Derain revient à la gravure sur bois de fil, renouant ainsi avec un art qu'il avait su renouveler dans sa jeunesse, dès 1906. Il y ajoute des couleurs empruntées à la carte à jouer ancienne. Derain s'implique près de trois ans dans la création puis l'impression manuelle de l'ouvrage, authentique prouesse technique. Il ne réalisa qu'un seul bois par illustration, destiné à un seul passage sous presse tout en cumulant parfois jusqu'à dix couleurs, obligeant à creuser chaque bois afin d'isoler les couleurs les unes des autres. Stylistiquement, ces bois affectent une apparente naïveté, issue du goût de l'artiste pour l'estampe populaire, du fait de la simplification des formes, la stylisation du dessin et la vibration des couleurs qui les caractérisent
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