Les chants désespérés sont-ils vraiment les plus beaux, pour paraphraser Musset ? Réponse avec Omoï et le Concerto 'L'Empereur', sous les doigts de Yefim Bronfman, avant de célébrer la majesté du Rhin en compagnie de Schumann.
'Depuis le 4 mai, écrit Beethoven en juillet 1809, je n'ai rien créé de véritablement cohérent, sinon un fragment par-ci par-là. Tous ces événements ont affecté mon corps et mon âme.' Ce 4 mai 1809, les troupes françaises sont entrées dans Vienne. Bonaparte, que Beethoven avait tant admiré avant de le haïr lorsqu'il s'était auto-couronné, menaçait la capitale des Habsbourg. La réponse ? Ce concerto dont le manuscrit porte des exhortations guerrières, mais dont le champ de lutte est surtout la musique : Beethoven y rompt d'une manière époustouflante avec les codes du genre, impérial dans son énergie autant que dans son geste créateur. Pour se mesurer à un tel monument, Nikolaj Szeps-Znaider fait appel à l'un de ses partenaires les plus fidèles, Yefim Bronfman, à l'endroit duquel il ne cache pas son admiration. Hommage aux victimes de la catastrophe japonaise de 2011, Omoï adopte un ton bien différent. Grégoire Rolland, compositeur en résidence de l'Auditorium-Orchestre national de Lyon, en fait une déploration douloureuse et sublime, dont Mélodie Michel joue la version pour orgue lors du Petit Concert d'orgue du vendredi 21 février. Traduisant la majesté du Rhin autant que le mystère des légendes nées à ses abords ou les vives couleurs projetées à travers les vitraux de la cathédrale de Cologne, la Rhénane de Schumann conclut ce concert avec flamboyance.
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