Les vagues déferlantes du Vaisseau fantôme vous rappellent celles de l'ouverture Les Hébrides ? Vous verriez bien Mazeppa en frère de Tannhäuser ? Ce n'est peut-être pas un hasard. Ce concert, autour des deux pages orchestrales les plus spectaculaires du jeune Wagner, tissent un réseau de connivences entre le futur maître de Bayreuth et sa grande famille musicale.
Fuyant Riga pour Paris en 1839, Wagner fut pris dans une terrible tempête dans les récifs norvégiens et forcé à un accostage d'urgence. C'est là qu'il entendit la légende du Hollandais volant, sujet de son prochain Vaisseau fantôme. L'ouverture traduit la frayeur de sa propre traversée. Comment ne pas faire le parallèle avec Les Hébrides de Mendelssohn, écrite huit ans plus tôt, qui traduit le saisissement du jeune homme de 20 ans devant une grotte écossaise frappée par des flots furieux ? Mais s'il fut une amitié artistique et personnelle hors du commun, c'est bien celle qui lia Wagner à Liszt, son aîné de deux ans devenu son beau-père. Les poèmes symphoniques de Liszt firent sur Wagner une impression prodigieuse, et Mazeppa est peut-être le plus grand d'entre eux. La chute du héros de Victor Hugo, traîné par un cheval inépuisable, et son triomphe final ressemblent au destin du poète Tannhäuser, terrassé quant à lui par les appas blasphématoires de Vénus, avant sa rédemption par l'amour d'Elisabeth. Entre ces pages symphoniques tout en éclat, les Nuits d'été apportent un charme frémissant et intime.
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