Racine, Castellucci et Huppert. Trois monstres du théâtre fusionnent en une expérience intense. Du poème dramatique de 1506 alexandrins, Romeo Castellucci n'a gardé que les vers de Bérénice, princesse de Judée qui aime Titus, futur empereur. Mais Rome, ' n'admet avec son sang, aucun sang étranger ' et elle est contrainte à l'exil. Sur un plateau-tableau, comme seul sait les composer le metteur en scène italien, Isabelle Huppert, impériale et tellurique, avance en solitaire, entourée de quelques triviaux objets — machine à laver et radiateur — et de deux ombres chorégraphiques, celles de Titus et Antiochus, réduits au silence. De sa voix blanche, transformée par le vocodeur, la diva monologue et donne chair comme jamais à cette femme en train de sombrer.
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