Cette pièce aurait pu s'intituler Le monologue du pénis. Inspirée du livre éponyme de Katharina Volckmer, elle raconte l'histoire d'une femme allemande qui, voulant changer de sexe et s'offrir un organe circoncis, se confie à son gynécologue juif. Jonathan Capdevielle la met en scène avec Camille Cottin.
Résumé
' Je sais que le moment n'est sans doute pas le mieux choisi pour évoquer ce sujet, Dr Seligman, mais je viens de me rappeler qu'une nuit j'ai rêvé que j'étais Hitler. '
Cette adaptation commence fort. Allongée, les jambes écartées, la jeune femme observe le crâne dégarni de son médecin en train de l'ausculter. Lancée dans un monologue déjanté, elle lui parle de ses fantasmes, de sa vie sexuelle, de son histoire familiale. Au plateau, nous retrouvons les thèmes de ce roman à contre-courant comme la culpabilité allemande et la question du genre. Un texte puissant où les punchlines et le cru se mêlent au sensible et à la poésie.
Coproduction Châteauvallon-Liberté Générique
D'après Jewish Cock de Katharina Volckmer Traduction en français Pierre Demarty Texte paru aux éditions Grasset & Fasquelle Mise en scène Jonathan Capdevielle Avec Camille Cottin
Production Les Visiteurs du Soir
Photos © Estelle Hanania ; Camille Cottin © Mathieu Cesar Jonathan Capdevielle © Julien Pebrel Texte © Vanessa Asse
Note d'intention
En septembre 2022, je suis contacté par l'actrice Camille Cottin. Elle me fait part alors de son envie de retourner sur les planches et me propose de la mettre en scène dans une version à adapter du roman de Katharina Volckmer The Jewish cock . À priori ce texte n'est pas écrit pour le théâtre, il semble pourtant contenir tous les ingrédients d'une pièce.
À travers un monologue qui s'apparente à une confession. À travers une forme de rêve éveillé, l'auteure met en scène le personnage d'une femme d'origine allemande qui a rendez-vous chez son gynécologue, dans le but de se faire greffer un pénis circoncis, et qui va directement et indirectement se confier à lui.
Ce postulat sert de cadre au déploiement d'une parole sans filtre sur sa vision du monde, qui défends l'idée d'être à contre sens, de résister à la mouvance d'une société qui entretient un cadre sécuritaire, et le bien vivre ensemble. À travers ce personnage, l'auteure, non sans humour et sarcasme, explique son mal être d'être né avec le mauvais corps et fustige cette idée de rentrer dans la norme, dans un cadre.
Au fil des pages elle se confie sans tabous et passe au crible la question complexe de la construction de soi. Une réflexion intime qui met en branle les fondements de l'identité, notamment en convoquant un regard critique sur son pays natal, au passé nazi. Elle défend l'idée de l'exil, d'un ailleurs, comme un moyen de prendre de la distance, dans le but d'analyser et de bouleverser ce qui la constitue.
Ce qui m'intéresse dans ce roman, c'est le choix fait d'une écriture qui navigue entre la réalité, le fantasme, et la fiction. Dans cette forme de réflexion constante, les punchlines et le cru se mêlent au sensible et à la poésie. Le texte glisse progressivement d'une thématique à une autre et nous questionne sur les mécanismes pervers qui conditionnent notre société. La frontière entre l'histoire personnelle et la fiction est trouble, quand il s'agit du rapport que le personnage entretient avec la sphère familiale, sa relation au corps, au sexe, à l'amour et à la religion.
Pour cette mise en scène j'envisage dans un premier temps de travailler sur une adaptation du texte en collaboration avec Camille Cottin. À partir de là, l'idée est de construire au plateau une partition ou corps chorégraphié et voix entre en dialogue et rendent compte de cette mue progressive du personnage vers sa nouvelle identité. La mise à distance entre le récit et la métamorphose du corps sera amplifiée par une forme de désynchronisation de la voix et du mouvement mêlant différents supports d'interprétation du discours.
Grâce à un dispositif de sonorisation, le changement de voix, la musique et le chant seront associé à un travail sur le mouvement en constante mutation.
Jonathan Capdevielle
En savoir plus sur les artistes Camille Cottin — Interprétation
Camille Cottin intègre l'école de théâtre et d'art dramatique Jean Périmony à 17 ans. Elle travaille à la sortie de l'école avec la troupe du voyageur pendant deux ans, et monte de nombreux spectacles avec les comédiens et metteurs en scène rencontrés au fil des années. Elle travaille notamment à plusieurs reprises sous la direction de Régis Santon au Théâtre Sylvia Montfort. C'est à cette occasion qu'elle rencontre Camille Chamoux, puisqu'elle joue ensemble dans Love And Fish d'Israël Horovitz. En parallèle, elle intègre en 2012 ' La troupe à Palmade ' et participe à plusieurs spectacles sous la direction de Pierre Palmade.
Elle rencontre Eloise Lang et Noemie Saglio à la naissance du projet Connasse dans lequel elle tient le rôle-titre. Quelques mois plus tard, Canal + achète la série, et 70 épisodes plus tard, elles tournent ensemble le long-métrage. En 2015, elle incarne l'un des personnages principaux de la série Dix pour cent et qui connaitra un succès international.
Entre 2015 et 2016, Camille apparait dans différents films : Iris de Jalil Lespert, Cigarettes et Chocolat Chaud de Sophie Reine où elle tient le rôle principal féminin aux côtés de Gustave Kervern et entame sa carrière internationale avec Allied de Robert Zemeckis aux côtés de Marion Cotillard et Brad Pitt.
En 2017, elle est à l'affiche du long-métrage Telle mère, telle fille de Noémie Saglio aux côtés de Juliette Binoche et Lambert Wilson et reprend son rôle dans la saison 2 de Dix pour cent. Elle met par ailleurs en scène le seule-en-scène de Camille Chamoux (joué à Paris et en tournée).
En 2018, on retrouve Camille dans la comédie d'Eloise Lang Larguées, avec Camille Chamoux et Miou-Miou ainsi que dans Photo de famille de Cécilia Rouaud aux côtés de Jean-Pierre Bacri et Vanessa Paradis, et bien sûr, dans la saison 3 de 10%. Cette année-là, on la trouve aussi à l'affiche de Le Mystère de Henri Pick incarnant le rôle de Joséphine aux côtés de Fabrice Luchini. On la retrouve aussi dans une création originale Canal+ Mouche dans le rôle principal.
En 2019 elle est à l'affiche du film de Vincent Mariette Les Fauves aux côtés de Lilly-Rose Depp et Laurent Lafitte et ainsi que dans Les Eblouis de Sarah Suco avec Jean-Pierre Darroussin et Eric Caravaca.
En 2020 et 2021, elle commence à jouer dans la série télévisée américano-britannique Killing Eve aux côtés de Sandra Oh. Elle est aux côtés de Matt Damon dans le film Stillwater de Tom McCarthy et incarne le rôle de Céline dans le long-métrage dramatique de Rachel Lang Mon légionnaire. En 2022, on la retrouve dans House of Gucci, un film dramatique, aux côtés de Lady Gaga, Adam Driver, Jared Leto et Al Pacino.
A l'affiche en 2023, elle est dans A Haunting in Venice de Kenneth Branagh, film adapté du roman d'Agatha Christie puis dans le thriller britannique de Guy Nattiv avec Hellen Mirren et Liev Schreiber. Puis à l'affiche du film Toni, en famille de Nathan Ambrosioni et du long-métrage réalisé par Bruno Dumont l'Empire où elle repartage l'écran avec Lyna Khoudri, Anamaria Vartolomei et Fabrice Lucchini.
Jonathan Capdevielle — Mise en scène
Jonathan Capdevielle est né en 1976 à Tarbes en France et vit à Paris. Formé à l'École supérieure Nationale des arts de la marionnette, Jonathan Capdevielle est un artiste hors norme, acteur, marionnettiste, ventriloque, danseur, chanteur.
Il a participé à plusieurs créations, dont, entres autres : Personnage à réactiver, oeuvre de Pierre Joseph (1994), Performance, avec Claude Wampler (1999), Mickey la Torche, de Natacha de Pontcharra, traduction Taoufik Jebali, mise en scène Lotfi achour, Tunis, (2000), Les Parieurs et Blonde Unfuckingbelievable Blond, mise en scène Marielle Pinsard (2002), Le Golem, mise en scène David Girondin Moab (2004), Le groupe St Augustin, Le Dispariteur, Monsieur Villovitch, Hamlet et Marseille Massacre (atelier de création radiophonique – France Culture), mise en scène d'Yves-Noël Genod (2004-2010), Bodies in the cellar, mise en scène de Vincent Thomasset (Mars 2013). Au cinéma, il interprète le rôle de Nicolas dans le film Boys like us, réalisé par Patrick Chiha (sortie en septembre 2014).
Collaborateur de Gisèle Vienne depuis ses premières mises en scènes, il est interprète au sein de presque toutes ses pièces ; dans celles réalisées par Étienne Bideau Rey et Gisèle Vienne : Splendid's de Jean Genet, Showroomdummies (création 2001 et re-écriture 2009) et Stéréotypie, et dans celles mises en scène par Gisèle Vienne I Apologize, Une belle enfant blonde / A young, beautiful blonde girl, Kindertotenlieder, Jerk, pièce radiophonique, Jerk, solo pour un marionnettiste, Éternelle idole, This is how you will disappear (création 2010) et The Ventriloquists Convention (création 2015). Gisèle Vienne, Dennis Cooper, Peter Rehberg et Jonathan Capdevielle publient en 2011 un livre + CD : Jerk / À TRAVERS LEURS LARMES aux éditions DISVOIR dans la série ZagZig en deux éditions, française et anglaise.
Il crée en 2007 la performance-tour de chant Jonathan Covering au Festival Tanz im august à Berlin, point de départ de sa pièce Adishatz/Adieu, créée en janvier 2010 au festival C'est de la Danse Contemporaine du Centre de Développement Chorégraphique Toulouse / Midi Pyrénées. Il répond ensuite à deux invitations. En novembre 2011, il présente Popydog, créé en collaboration avec Marlène Saldana au Centre National de la Danse – Pantin et en août 2012, sur une proposition du festival far° – festival des arts vivants de Nyon (Suisse), il propose Spring Rolle, un projet in situ avec Jean-Luc Verna et Marlène Saldana.
Avec Saga (créé en février 2015 au Parvis Scène nationale de Tarbes), Jonathan Capdevielle ouvre un nouveau chapitre du récit autobiographique en travaillant sur des épisodes du Roman familial, avec ses personnages emblématiques et ses rebondissements. Une exploration des frontières entre fiction et réalité, entre présent et passé. En novembre 2017, il signe À nous deux maintenant, une adaptation du roman Un Crime de Georges Bernanos. En 2019, il propose Rémi, une pièce tout public à partir de 8 ans, adaptée du roman Sans famille d'Hector Malot. Ces deux projets sont créés au Quai, CDN d'Angers puis présentés à Nanterre Amandiers CDN dans le cadre du Festival d'Automne à Paris. En septembre 2021 il créé, Music All, cosignée avec Marco Berrettini et Jérôme Marin, présentée en Suisse notamment à l'Arsenic Lausanne puis en tournée en France, à commencer par le T2G CDN de Gennevilliers dans le cadre du Festival d'Automne à Paris.
L'ensemble de ces projets est traversé par des thématiques communes qui évoluent au cours des créations. Notamment la construction de l'identité, les carnets intimes et la famille à travers la culture traditionnelle et la chanson populaire, l'imposture comme forme de pouvoir dévastateur, la confusion des genres et les détournements de l'ordre moral établi. Par ailleurs, en tant que metteur en scène et auteur de chacune de ses créations (oeuvre originale ou adaptation), Jonathan Capdevielle attache une grande importance à la diversité des matières narratives qui passe par l'adaptation d'oeuvres littéraires tout comme par l'écriture de plateau ou par l'improvisation. Le travail du son tient également une place importante dans son parcours. Cela se traduit par la sonorisation des voix et une diffusion spatialisée des sons et de la musique. Ainsi chaque projet s'inscrit dans une recherche et une écriture du son : le son pensé comme créateur d'espaces, de hors champs, de climats.
Depuis 2021, Jonathan Capdevielle est artiste associé au T2G – Théâtre de Gennevilliers et membre de l'Ensemble Associé au Théâtre des 13 vents, centre dramatique national de Montpellier.
Katharina Volckmer — Texte
Née en Allemagne en 1987, Katharina Volckmer s'est installée à l'âge de 19 ans à Londres, où elle travaille aujourd'hui pour une agence littéraire. Son premier roman, Jewish Cock, a connu un accueil exceptionnel dans le monde entier. Traduit dans une quinzaine de pays, ce monologue ' digne d'Alexander Portnoy ' (The New York Times), ' transgressif, incendiaire et plein d'humour noir ' (The New Yorker), a été considéré comme l'un des meilleurs livres publiés en 2020 par The Times Literary Supplement, et comme ' le livre le plus explosif de l'année ' par le magazine Rolling Stone.
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