Pour sa première soirée en tant que nouveau directeur de la danse de l'Opéra Grand Avignon, Martin Harriague fait le choix audacieux de coller à l'actualité.
Dominant les écrans d'une scène mondiale, un showman sans limites fait de la course à la Maison Blanche le triomphe de l'art du spectacle. Il utilise avec malice sa rhétorique simpliste et joue brillamment sur le paradoxe : le personnage est à la fois divertissant et glaçant. La rusticité des messages fait écho à la complexité du monde, la musicalité du langage enrobe la grossièreté des mots, le discours célèbre l'amour et la force brutale, chante la fierté en nous plongeant dans une nuit noire. Mais alors que ces paroles résonnent comme un glas, le rideau se lève sur d'autres récits ; les récits d'espoir, d'optimisme et d'aventure d'une Amérique colorée et confiante qui fait tomber les murs. Le chorégraphe capture l'énergie électrique et tumultueuse de cette société dans une danse explosive et jubilatoire, pleine d'inattendu.
America s'inscrit dans une continuité créative, reprenant et complétant des œuvres antérieures de Martin Harriague, telles que Walls (2019) pour la compagnie basco-espagnole Dantzaz et Americaaa (2020) pour le Ballet de Leipzig. Ces créations ponctuent un voyage commencé en terre israélienne, où il a acquis la physicalité de sa danse et l'aversion des murs, pour se terminer au prestigieux Baryshnikov Arts Center de New York à l'automne 2024, où il sera en résidence, en pleine élection américaine
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