Benoît Verhaert poursuit son diptyque mythologique. Après l’histoire d’Œdipe, voici celle de sa fille, Antigone. On retrouve avec plaisir le savant mélange d’humour et de tragédie qui caractérise le Théâtre de la Chute.
Benoit Verhaert s'inspirera de l'écriture classique de Sophocle et de la modernité d'Anouilh.
Sophocle met en opposition la loi sacrée et la loi de la cité, l'individu et la collectivité. Anouilh semble écrire une allégorie du conflit qui déchira les Français pendant la guerre entre résistance et collaboration, entre liberté héroïque et lâche compromis. Quelques années plus tard, les spectateurs y voient une illustration du violent conflit de générations de 68. La jeune révolution contre le vieux monde de papa.
Ce qui est pertinent dans la proposition d'Anouilh, c'est l'absence de point de vue des personnages secondaires, comme la nourrice et surtout les gardes, qui ne participent pas au débat, qui ne veulent pas savoir. Cette ignorance volontaire mène à la servitude, celle des citoyens qui ne participent pas au débat politique d'un monde dans lequel ils vivent dans une vision à court terme. « Eux, tout ça, cela leur est égal ; c'est pas leurs oignons. Ils continuent à jouer aux cartes », dira le narrateur pour conclure.
Un spectacle percutant, prenant des allures de Théâtre Forum pour inviter les spectateurs, jeunes et moins jeunes, au dialogue. Au débat politique, osons le mot !
Une création du Théâtre de la Chute, avec l'aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Adaptation et mise en scène de Benoît Verhaert – Distribution en cours.
Avec le soutien des Tournées Art et Vie et du Service des Arts de la Scène de la Province de Hainaut.
©Yves P.
|