Seule en scène, Patricia Allio dialogue avec sa "mémé" et nous parle de transmission dans une poignante quête identitaire. Un hommage porté par la joie de se souvenir et d'entendre résonner la voix de nos morts.
Postée derrière son pupitre, Patricia Allio dresse le portrait de sa grand-mère et aussi, en miroir, le sien. Son aïeule, Julienne, était pauvre, travaillait dur et parlait une langue, un temps interdite, le breton. Seule, dans le dénuement du plateau, Patricia Allio restitue leurs conversations enregistrées dans la voiture ou le long du canal de Nantes à Brest.
Avec ce spectacle, non seulement l'autrice et actrice lui rend hommage, mais nomme aussi le déni, la culpabilité et la honte des transfuges de classe. Dans ce monologue performé, elle redonne vie avec tact à des souvenirs aussi personnels qu'universels, qui bousculent l'héritage paradoxal qu'elle a reçu.
Depuis longtemps, la question des minorités politiques, linguistiques ou de genre sont au cœur du travail de cette artiste pluridisciplinaire. Elle livre là une véritable ode à cette grand-mère tant aimée qui lui a apporté ' la joie et la gaité ' et une émouvante façon de pallier la mémoire qui s'étiole. Une lutte contre l'effacement du temps.
"Ici ce n'est pas la douleur et la perte qui sous-tendent l'hommage autobiographique, mais la joie de se souvenir, de continuer le dialogue, d'entendre nos morts, tout simplement." – Mathilde Walker-Billaud, écrivaine
De et avec Patricia Allio
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