Dans une scénographie de bâtons qui s'érige en temps réel, le corps cherche incessamment son équilibre. Un processus actif, autant qu'une lutte facétieuse. Tendre, c'est ouaté comme un câlin envers l'humanité ; tendre vers, c'est aussi tenter de trouver sa place au sein d'un monde, sans entraver son fonctionnement. Dans son petit cirque organique, Nathan Israël en parfait alchimiste, traite de la vanité humaine, les pieds ancrés au sol et les mains dans la matière : en 2014 L'Homme de boue, un Golem de glaise, jonglait avec des morceaux de lui-même. Aujourd'hui, trois acrobates cherchent leur équilibre au sein d'un décor géométrique, abstrait et mouvant. Comme seuls agrès, de longs bâtons blancs structurent la scène de manière graphique. Les corps oscillent parfois très haut à la lisière du vertige, entre équilibres statiques et tempo qui s'accélère. Il faut ruser pour ne pas flancher, s'élever pour espérer s'extraire… Au sol, des monceaux de charbon, matière carbonisée autant qu'énergie fossile, sont prétextes à jeux. Car si l'urgence impérieuse de se tenir debout vaille que vaille est bien réelle, la fin du monde ne se conçoit pas sans une bonne dose d'autodérision !
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