Une rage certaine constitue le moteur de ce solo signé par le chorégraphe et danseur Zora Snake. Depuis une dizaine d'années, sa danse circule entre le Cameroun et le continent européen et s'écrit à la croisée d'influences plurielles : hip-hop, contemporaines et rituelles. Elle prend corps aussi bien dans la rue que dans le théâtre, pour ouvrir un dialogue fort avec notre présent.
Le Départ s'attaque de front aux injustices. Zora Snake envisage l'espace de ce solo comme celui d'une jungle où règne la loi du plus fort, au cœur de laquelle on découvre un corps pris dans un système de dominations multiples, contre lesquelles il s'agit d'entrer en lutte. En résulte une danse nerveuse, électrique, nourrie d'ombres, physiquement engagée de pied en cap. Comment un corps considéré comme une proie peut-il renverser la vapeur et entrer dans la contestation, afin d'éclairer son présent et son avenir ? À travers une écriture singulière, le mouvement de Zora Snake cherche des voies de passage, dans une chorégraphie mâtinée de break, de popping, de krump, avide de puiser dans ces courants multiples pour mieux nourrir une forme de protestation active. La danse s'y mue en espace possible d'expression de soi, révélatrice des secousses d'un monde qui vacille pour mieux entrer en transition.
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