Dans sa première partie, Mesurer nos forces, l'exposition nous plonge dans le corps anatomique. On y explore notre intérieur en soulevant les enveloppes de l'écorchée tissée par la plasticienne Roxane Andrès. Place ensuite aux échauffements sur les sChaises de Stéphanie Marin. En nous invitant à reproduire une chorégraphie de bureau, l'artiste nous questionne sur les multiples injonctions à la bonne santé et au corps performant. Enfin, inspiré par le Modulor de l'architecte Le Corbusier, Nicolas Guiet nous propose d'interagir avec sa sculpture et rappelle ce faisant que notre corps est l'échelle de notre rapport au monde.
Confrontons-nous à présent à nos singularités et à nos identités multiples dans la deuxième partie de l'exposition, Identifier d'où nous parlons. Le trouble opère à la rencontre du Curieux, sculpture hyperréaliste d'Élisabeth Daynès. Avec lui, nous nous interrogeons sur l'origine de notre humanité. En continuant notre chemin, nous faisons face au dessin d'une contorsionniste et à un corps fragmenté. Par ses oeuvres, Myriam Mechita évoque les femmes contraintes jusqu'à l'éclatement par les multiples attentes de la société. A côté, la sculpture monumentale d'Andrea Scholze nous permet de regarder avec tendresse notre monstre intérieur mais nous interpelle aussi sur notre peur de l'altérité.
C'est à travers la motricité et les perceptions que la troisième partie de l'exposition invite à Se mettre en mouvement. En pénétrant l'oeuvre de Jacob Dahlgren, nous pouvons physiquement traverser la couleur et percevoir le mouvement. Dans une vitrine, exposée tel un bijou, la prothèse ouvragée de la designeure Sophie de Oliveira Barata, conçue pour sublimer celui qui la porte, nous rappelle la beauté de tous les corps et déplace notre regard sur le handicap. Enfin, à travers l'étreinte de Burt et Hillary, Daisy Collingridge nous murmure que le mouvement est le premier pas pour entrer en contact avec l'autre et ses sentiments.
Dans la quatrième partie, Agir de tous nos corps, nous sommes amenés à faire corps. En s'activant lorsque nous nous rapprochons les uns des autres, l'oeuvre de Scenocosme met en lumières et en sons la force du collectif. Impossible toutefois de ne pas évoquer les corps exclus et/ou exploités. Sur un tableau qui renvoie à la peinture classique, Arnaud Adami célèbre les travailleurs et travailleuses précaires d'un système uberisé. Barthelémy Toguo, quant à lui, aborde les corps déconsidérés des personnes en situation d'exil par des tampons qui rappellent ceux que collectionnent les voyageurs occidentaux. Avec ses bannières tissées, Ed Hall illustre la force et la créativité de l'action collective et nous rappelle que l'on peut concrètement combattre l'exploitation rationalisée de l'environnement et des personnes.
Au sortir de l'exposition, Laurent Perbos nous invite à rejoindre la piste de danse. Son oeuvre, inspirée du ballon de basket et de la boule à facettes, incite à engager nos corps dans un destin commun. Le sport est ici abordé non pas comme une performance, mais plutôt comme un élément fédérateur et populaire. Il conclut le parcours dans la liesse des regroupements, que celle-ci naisse de la fête, du sport... ou des luttes militantes.
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