Régulièrement accueilli au TDB, le Munstrum Théâtre n'en finit pas d'affiner son geste plastique, sa théâtralité viscérale et organique, radicale. Il s'empare cette fois avec irrévérence de la pièce la plus sombre de Shakespeare, dans laquelle le général Makbeth assassine le roi Duncan pour s'emparer de la couronne, à la suite d'un oracle mal interprété. Une fois sur le trône, il s'enlise dans une spirale meurtrière qui le conduit à la folie. S'il conserve la violence et la poésie de l'écriture originelle, Louis Arene invente une langue mutante, et un spectacle polymorphe, brut et sensuel qui parle d'aujourd'hui et de demain. Dans un royaume dévasté perdu dans les Landes jaillissent des figures effarées, sublimes et grotesques. Le plateau se transforme au gré de spectaculaires tableaux, les corps sont comme toujours hybridés, transfigurés, masqués. Des visions fantasmatiques surgissent, le sang gicle en geysers. On flirte avec le cinéma de genre et une dimension onirique non dénuée d'humour. Le Munstrum Théâtre contemple résolument nos ténèbres collectives et individuelles pour creuser ses obsessions : les monstres, la métamorphose, les mondes qui s'effondrent et ceux qui naissent. Assoiffé de poésie, il nous apprend, dans une transe joyeuse et dévastatrice, à danser avec le chaos.
' Il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. '
Friedrich Nietzsche
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