Quand elle entend ou compose de la musique, ' l'électronicienne ' DeLaurentis visualise spontanément des formes et des couleurs. Ce phénomène – appelé synesthésie – est la clé de sol de son projet Musicalism, un nom faisant écho au mouvement artistique des années 1930 où les peintres voyaient les couleurs comme des vibrations sonores.
Musicalism s'ouvre avec quelques notes qui tournent en boucle. La lumière se réveille et scintille au rythme des sons qu'on commence à discerner. Puis, tout se mélange. Pour chaque morceau, une couleur est mise en mouvement par des motifs, des nuances de pixels. Telle une Alice aux Pays des Machines qui explore de nouvelles sonorités avec ses synthétiseurs, ses contrôleurs et l'intelligence artificielle, DeLaurentis nous plonge au cœur d'un dispositif sonore et visuel à 360° où ses compositions électroniques s'écoutent les yeux grands ouverts. Pour donner corps à ce monde imaginaire, la musicienne collabore avec le maître de la spatialisation Hervé Déjardin, qui fait voyager le son dans la salle de concert, et avec l'artiste Baptiste Lefebvre dont les créations virtuelles 3D interagissent avec la musique. Comme une extension de ses cordes vocales, elle invite aussi plusieurs dizaines de voix avec le Chœur Virtuel développé par l'Ircam. DeLaurentis nous embarque dans une longue hypnose, allant d'ambiances atmosphériques vers des parties aux battements par minute (BPM) qui s'accélèrent. Une performance avant-gardiste et émotionnelle, à mi-chemin entre Erik Satie et Daft Punk, accueillie au sein d'un Ars Numerica qui se transforme technologiquement pour rendre vivante cette expérience immersive d'exception.
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