Après le franc succès rencontré par Bigre, Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan ont remis le couvert avec un spectacle ' cartoonesque ', dans lequel deux héros un peu barjots nous font vivre une odyssée déjantée – l'un voyageant autour du monde en baragouinant une vraie-fausse langue de Shakespeare, l'autre s'agitant pour donner vie à un décor de pancartes. Un cabaret de carton complètement loufoque, Molière 2022 du théâtre public !
Avec Les gros patinent bien, le célèbre duo de créateurs rend un hommage rare au burlesque du cinéma muet. On y suit en effet le fantastique périple de deux drôles de bougres qui veulent échapper à la malédiction d'une sirène, pêchée par erreur. Le tout, sans qu'un seul mot intelligible ne soit prononcé ! Charismatique en diable, l'un de nos protagonistes fuit alors les îles Féroé pour une traversée de l'Europe en patins à glace, à dos de mulet ou en trottinette. Destination le sud de l'Espagne, par-delà les migrants en détresse, une petite sirène androgyne ou des moulins à vent transformés en éoliennes. Un voyage hors normes sans bouger de sa chaise ! Car le zèbre en costume trois pièces peut compter sur son acolyte, en maillot et bonnet de bain, chargé de déployer pas moins de quatre cents cartons avec les noms du décor et des lieux de ce voyage épique, tout en mimant les bruitages en direct. En apparence bricolée – en apparence seulement –, cette performance est parfaitement menée tambour battant… L'esprit absurde des Monty Python n'est jamais loin, la confiance dans le pouvoir et le plaisir de l'imaginaire des clowns à jamais chevillée au corps.
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