Après Phèdre ! et Giselle…, François Gremaud achève sa trilogie autour des figures féminines au destin tragique avec la plus libre d'entre toutes, Carmen.. Par l'infime détail, l'anecdote érudite et un amour sans feinte du partage des connaissances, sa conférence-spectacle est confiée à Rosemary Standley, l'iconique chanteuse du groupe Moriarty, accompagnée de cinq musiciennes.
Faisant mine de transmettre les dessous (de l'histoire, de la musique…) de ce monument de l'opéra de Bizet, Rosemary Standley investit l'écrin dessiné par l'artiste suisse comme un cadeau sur mesure pour son propre art scénique. Mais aussi pour les spectateurs, invités à plonger dans un récit joyeux autour d'une gitane dont la beauté, l'audace et le désir de liberté entraînent le chaos : la pièce brave les codes d'alors, quand son héroïne en défie les mœurs. Bien entendu, notre oratrice se laissera emporter par la passion, éclairant le contexte de l'oeuvre et sa modernité, n'hésitant pas à chanter certains des airs les plus fameux. Et il faut tout le talent et l'éclectisme vocal de celle qui forme avec Dom La Nena l'incroyable duo Birds on a Wire, accueilli à MA en 2019, pour porter l'habile synthèse du livret original et se glisser dans tous les rôles, permettant de retracer le destin tragique de Carmen. Ce pourquoi elle fascine tant. Sur fond de transposition de la musique pour flûte, harpe, violon, saxophone et accordéon, chacun reçoit la force vitale d'un être défiant l'ordre établi par son ivresse de vie.
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