Avec un humour grinçant, l'autrice québécoise Sarah Berthiaume interroge dans Nyotaimori notre rapport au travail, écorchant au passage notre rôle dans un système de consommation mondialisé où les humains deviennent machines et les femmes objets. Jouissif !
Nyotaimori est un mot japonais désignant la présentation d'un repas sur le corps nu d'une personne, fruit d'une soumission et d'un pouvoir orchestré jusque dans l'intimité. Paru en 2017, le texte éponyme de Sarah Berthiaume est aujourd'hui mis en scène par Renaud Diligent – celui-là même qui avait marqué les esprits en 2019 avec l'adaptation corrosive du Dimanche napalm de Sébastien David, présentée à MA. Dans ce récit aux temporalités fragmentées, on suit la démesure d'une journaliste indépendante, dopée au travail. Entre les délais impossibles à tenir pour rendre ses articles, les reproches de sa petite amie et les sirènes de la procrastination, elle fête son burn-out à coup de mojitos. C'est alors qu'elle découvre que le coffre d'une voiture made in Japan et la porte d'un atelier indien de confection de lingerie mènent, par-delà toute logique, à l'ancienne usine transformée en loft de son immeuble ! Accompagnée par la musique en direct de Gabriel Afathi, moitié du duo électro-pop The George Kaplan Conspiracy, la pièce nous entraîne du réalisme le plus simple à l'absurde total. De Montréal au Japon en passant par le Texas et l'Inde, Maud ira à la rencontre d'une galerie de personnages qui, comme elle, partagent tous la même aliénation et la même soumission au capitalisme sauvage. Une manière d'explorer, par la fable, les liens de domination que le système économique nous fait entretenir au travail.
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