S'ouvrant sagement sous les habits d'un théâtre ultraréaliste, les dispositifs scéniques de Kurô Tanino surprennent, de même que les situations dérapent pour suivre un chemin sensuel et dérangeant. Maître obscur ne déroge pas à la règle.
Dans un appartement des années 70-80, minutieusement reconstitué, cohabitent des gens et… une voix. Bienveillante, certes, mais un brin inquiétante puisqu'elle guide les actions banales du quotidien. Sous nos yeux, la réalité de nos existences contemporaines est disséquée pour mieux nous alerter sur les pouvoirs insoupçonnés de l'intelligence artificielle. Science-fiction, dystopie contemporaine ou conte philosophique ?
Les nouvelles technologies se sont petit à petit emparées de nos existences. Vidéo et dispositif sonore à l'appui, Kurô Tanino façonne un microcosme à l'atmosphère troublante, non dénuée d'humour. L'habitat recréé, conçu et contrôlé par une IA solitaire, est le support d'une expérience unique : les humains qui l'occupent sont censés participer à un programme de réadaptation à la vie quotidienne. Avec une lucidité implacable, le spectacle expose sous un jour nouveau les paradoxes de notre condition humaine. Un théâtre fascinant, aux frontières du réel.
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