Sans cri ni tapage, les petits formats de Clara Perreaut irradient d'une douce désinvolture faite de désir, d'extase, d'ennui, de solitude, de toutes ces aspirations contraires, parfois contraintes, qui nous traversent.
Descriptif de l'exposition : 'u00c7a commence comme ça : des bouts de papier tailladés et déchiquetés avec les doigts, un geste hérité de l'enfance quand sa grand-mère lui donne, pour combler le vide des après-midis désoeuvrés, le catalogue de vente par correspondance La Redoute et une paire de ciseaux. Vas-y, découpe et colle. Découpe les contours des jambes ou des bras et une tête et, vas-y, colle-les sur la page vierge. Et puis recommence. Plus tard, un détour par une maison de prêt-à-porter en tant que petite main avant l'école des Beaux-Arts de Marseille. Sculpteur, Clara Perreaut l'est assurément, collagiste, peutêtre qu'elle l'a toujours été. Au fl des ans, le passe-temps s'est mué en habitude, une manie presque - parce qu'il y a quelque chose de compulsif dans le fait de collecter et consigner des découpages dans des albums. Des images qui proviennent de livres chinés et de magazines. Un magazine en particulier : La Gazette Drouot achetée chaque semaine au kiosque du coin, un lien, le énième, tissé avec son père sculpteur. Autant une manière de renouer avec les fls du récit familial que de s'accaparer des morceaux, des bits and pieces, de l'histoire de l'art. Collages, papiers collés, quelque soit le nom qu'on leur donne, au commencement il y a le dessin. Une ébauche, le croquis d'un fantasme, d'une idée folle, un instantané tel un surgissement, qu'il faut saisir avant qu'il ne s'évanouisse, à l'instar des réminiscences encore vivaces d'un rêve grifonnées sur du papier au réveil ou encore des pensées qui nous traversent et qui flent sous nos yeux comme des nuages. Ainsi, c'est tout autant dans ses archives que dans sa bibliothèque imaginaire que Clara Perreaut pioche pour élaborer ses compositions, un process qu'elle compare à la fabrication de petites marionnettes, un bout de papier ici, un autre là, presque trois fois rien, dont le résultat minutieux s'avère empreint de délicatesse. Des saynètes dans lesquelles se côtoient animaux et trophées de chasse, éléments de mobilier et de décoration, et toujours ces regards découpés, des masques qui observent autant qu'ils scrutent. Le dispositif s'articule autour d'une figure féminine singulière : mère nourricière et femme objet, spectatrice et actrice, pensive et méditative, oisive et alanguie, symbole de la multiplicité de l'identité féminine et de sa nécessaire adaptation dans un monde en recomposition. Clara Perreaut oscille entre aquarelles, collages et dessins semant le trouble sur le caractère des diférents éléments, modifant notre angle de perception. Mais qu'on ne s'y trompe pas, si l'amour de la forme prime, derrière cette fausse simplicité, c'est un cadavre exquis qu'elle façonne, endossant le rôle de chaque participant et participante, tour à tour elle-même, puis une autre et encore une autre et convoquant des instants de vie d'une femme entre fantasme et réalité.' Emma Zucchi
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