Selon une légende amazonienne des Tupi-Guarani, l'Uirapuru, petit oiseau des bois menacé d'extinction, n'est autre qu'un jeune guerrier transformé en volatile par le dieu Tupa. Ce dernier, pour le guérir de son chagrin d'amour, le dota d'un chant magnifique. Avec ce titre, c'est donc tout l'imaginaire des peuples indigènes que convoque le chorégraphe et performeur Marcelo Evelin. Basé entre Amsterdam et Teresina dans le Nordeste, où il est né, il a créé sa pièce in situ pendant le mandat écologiquement dévastateur du président Bolsonaro. Ses six interprètes ne répondent pas à une norme esthétique uniforme, mais présentent des morphologies et des couleurs de peau diverses à l'image de la population brésilienne. La quasi nudité de leurs corps, juste vêtus d'un short noir, évoque celle des Amérindiens. Au rythme des chants d'oiseaux, ce sextuor inspiré se meut en une série de mouvements hypnotiques, inspirés du folklore comme des rites ancestraux. Pour seul décor, une coupole faite artisanalement de branchages surplombe le plateau. Dans sa beauté et son dénuement, elle dit la richesse des ressources naturelles de la forêt, mais aussi la précarité de ses habitants. Une création vibrante.
Isabelle Calabre
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