Daniel Turner, né en 1983 et installé à New York, a consacré les dix dernières années de sa carrière à la récupération et réappropriation d'infrastructures diverses. Il prélève sur des sites spécifiques des matériaux, des équipements et des résidus laissés par les personnes qui les ont occupés, qu'il transforme pour invoquer « l'esprit du lieu ». Pour sa première exposition muséale en Belgique, Turner s'est intéressé à un site particulièrement symbolique : l'ancienne prison de la commune bruxelloise de Forest. À la suite de sa fermeture en 2022, Turner a entrepris de documenter la prison, réalisant des enregistrements sur le terrain et collectant divers matériaux en résonance avec l'atmosphère carcérale. Des objets utilitaires de la prison – tels que des matelas en mousse, des poignées de porte, des rideaux et des néons – ont été soumis à des traitements chimiques ou mécaniques de diverses intensités. Les radiateurs en fonte, autrefois vecteurs d'énergie et sources de chaleur, ont été fondus et transformés en formes solides et minimalistes. L'œuvre de Turner nous invite à réfléchir sur l'influence des environnements sur nos expériences. À travers des distillations matérielles qui transposent à la fois le lieu et sa matérialité, Turner éveille des réactions psychologiques vives, tout en faisant preuve d'une grande économie de moyens.
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