Par Thierry Santolini, maître de conférences en droit public à l'Université de Toulon. Cycle ' Droit '.
Les libéraux du XIXe siècle estiment que le suffrage universel conduit inéluctablement vers un gouvernement autoritaire, avec ses excès habituels, à savoir, la violation des libertés individuelles. Le droit de vote n'est pas appréhendé comme un droit naturel, mais comme une fonction devant être confiée à ceux qui possèdent les aptitudes intellectuelles et morales suffisantes pour ne se laisser ni corrompre ni séduire par les procédés démagogiques d'un despote. L'état d'urgence a transformé notre système politique en un régime sécuritaire limitant les droits individuels de manière inédite, même en temps de paix ou de crise. Paradoxalement, notre État de droit valorise de plus en plus la liberté individuelle. Cependant, notre démocratie est menacée si elle laisse la peur dominer, car elle altère les perceptions, détruit le discernement et asservit les esprits. Thierry Santolini est membre du Centre de Droit et de Politique Comparés Jean-Claude Escarras, Université de Toulon, UMR-CNRS 7318. Prix du Conseil constitutionnel en 2007. Il a été Vice-Doyen de l'Université de Droit.
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