Imaginée dans le cadre de l'année olympique, l'exposition met en avant une pratique plasticienne, qui allie habilement le rapport au corps, la transcendance de l'effort et l'esthétique des espaces.
David Meskhi (1979) photographie depuis une vingtaine d'années de jeunes athlètes qui semblent échapper aux lois de la gravité pendant leurs entraînements. Les corps, captés dans des figures acrobatiques ou dans leur chute, prennent forme par des jeux de lumière et de composition orchestrés au sein des gymnases, dont les hautes architectures offrent un rapport vertigineux à l'espace. Silhouettes flottant dans les airs, visages affichant une certaine mélancolie au repos, environnement sportif aux couleurs saturées confèrent aux images un aspect irréel dans un temps suspendu. David Meskhi a grandi dans le milieu sportif à Tbilissi en Géorgie, alors que son père est entraîneur de l'équipe nationale de gymnastique de l'ancienne Union soviétique dans les années 1980. De cette période, qui encourage un mode de vie sain et toute activité sportive, tout en véhiculant une imagerie codée par les affiches de propagande et les livres illustrés pour enfants, David Meski retient surtout l'esthétique des corps, sans les idéaux associés. Les photographies alternent entre des tirages couleurs et noir et blanc, où les corps, éclatant parfois dans des plans resserrés, rappellent la statuaire antique. Avec une certaine intemporalité, le titre ' Our Son, My Moon ' oscille sciemment entre cette lune, que l'on aperçoit à plusieurs reprises dans les oeuvres, et la façon dont les cieux accueillent les corps au zénith. Le sport partage avec la spiritualité rituels et transcendance de soi. Dans un Tbilissi post-soviétique désenchanté, le désir d'associer jeunesse et légèreté s'est vite imposé à David Meskhi en tant que sujet pour ses photographies, mais aussi pour son film "When the Earth Seems to Be Light", co-réalisé en 2015. Entre échappatoire, aspiration à un nouveau cosmos et sublimation du corps, il livre des images dont les prolongements abstraits insistent sur la métaphysique de la lumière, au coeur du processus photographique, seule capable de révéler les sujets, libératrice. Pour cette carte blanche répartie en deux salles, soit 350 m², David Meskhi a choisi de déployer ses photographies selon deux modes : au mur, dans des associations inédites mélangeant ses séries réalisées depuis 2016 ; au centre, sur des tables vitrines conçues à l'occasion de l'exposition selon ses plans. Deux points de vue donc, pour percevoir les corps en suspension, frontalement ou en surplomb, plaçant le spectateur dans un rapport spatial aux images. Parmi soixante-dix tirages figurent une vingtaine de prises de vue réalisées lors d'une résidence de David Meskhi en 2023 dans trois clubs sportifs stéphanois : Trampo'Jump 42, le Pôle France Féminin de gymnastique et la Fédération française Montagne et Escalade. Cette première exposition de David Meskhi en France a été labelisée par Paris 2024 dans le cadre de l'Olympiade Culturelle.
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