Une comédie à l'humour corrosif. Un bijou de texte.
Dans une salle à manger ordinaire des années 70, un couple de retraités pauvres se déchire au quotidien, banalement, systématiquement, méthodiquement, avec une constance et un entêtement jubilatoires. Le temps a progressivement figé leurs rôles, sans doute à leur insu : Jeanne : mégère acariâtre qui érige l'aigreur en art majeur et le reproche en acte réflexe. Elle a fait du malheur un mode de vie (' quand il pleut il y a de la boue mais s'il fait beau, il y a des mouches '), une zone de confort. Henri : militant communiste de la première heure, il trouve dans le parti son échappatoire. Plutôt taiseux et soumis, il subit les incantations assassines de son épouse en courbant parfois l'échine… mais pas toujours.
La pièce se déroule en deux temps : Le premier temps expose donc des scènes du quotidien de ce couple en conflit permanent. On finit quand même par s'attacher à cette vieille râleuse qui n'aime ni la pluie ni le soleil et qui pense que la vallée se referme. Des acteurs simples, qui se parlent comme ils auraient pu se parler dans la vie, sans chichi mais avec honnêteté, et puis tant pis si ça fait mal.
Le second temps se passe dans un au-delà étrange et se transforme en une fable philosophique inattendue : dans une espèce de purgatoire, les deux personnages se remémorent le passé, reviennent sur leur vie, exprimant regrets, rancœurs, non-dits. Jeanne et Henri se rendent comptent qu'ils sont passés à côté de leur existence. Par une sorte d'effet miroir, le spectateur s'interrogera peut-être alors sur sa propre vie : avons-nous assez de plaisirs, de désirs, d'envie pour ne pas éprouver de regret quand… ?
Une pièce dont on sort le sourire aux lèvres !
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