Dans ce dialogue imaginaire avec Delphine Seyrig, une jeune comédienne convoque le fantôme de l'icône du cinéma d'auteur. Un hommage malicieux et profond, qui raconte aussi la naissance d'une actrice.
Sur une stèle blanche du cimetière Montparnasse, un peu en retrait, sont gravées ses initiales - DS - et deux dates : 1932 - 1990. Rien de plus. Et pourtant, Delphine Seyrig, égérie d'Alain Resnais, de François Truffaut, de Marguerite Duras ou de Chantal Akerman, star féministe et intellectuelle engagée, continue d'inspirer. Sur scène, l'ultra talentueuse Raphaëlle Rousseau a dressé un petit autel à ' DS ' (déesse ?). Des bougies éclairent des photos de l'actrice posées au sol. Et voilà que, par la grâce d'un montage d'archives audio, elle mêle sa voix à celle, si caractéristique, de la disparue pour engager avec elle une discussion rêvée, à la fois vive et profonde, parfois piquante. Le cinéma, les joies et les difficultés du métier d'actrice, le rapport à son image, l'engagement, la féminité... au fil de leurs échanges d'un naturel bluffant, parfois cocasses, c'est à l'émouvante construction d'une femme et d'une artiste que l'on assiste. Jusqu'à ce que Delphine, par ce pont tendu par-delà le temps, ne prenne carrément possession du corps et de l'esprit de Raphaëlle. Une révélation !
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