La pratique de circassien de Jules Sadoughi croise intimement la danse dans un solo qui apparaît comme un poème sensible et universel sur la caducité du corps. Les blessures qui ont marqué son parcours de virtuose fondent un rapport précoce à l'usure et la vieillesse. Dans un paradoxe singulier, il montre un corps capable et performant, socialement jeune, mêlé au sentiment d'érosion et de sénescence. Miettes se déploie comme une abstraction artistique assumée, avec le corps comme vecteur, comme toile à la fois malléable et profondément vibrante. Il incarne l'usure, la dégénérescence, la friabilité du corps sous l'effet du temps qui s'écoule. Ce corps traverse les pertes, les oublis, les cicatrices, la poussière : immensément vivant, il convoque, de manière aussi inéluctable que le temps s'écoule sur chacun et chacune, une réaction sanguine.
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