Comédienne et circassienne, Karelle Prugnaud nous offre une mise en scène totalement décalée de cette œuvre de Feydeau. Sur scène, à une vitesse folle, les portes claquent et les quiproquos s'accumulent entre le couple Follavoine, joué par Patrice Thibaud et Anne Girouard.
Résumé
Un jour, M. Follavoine, fabricant de porcelaine, espérant remporter un important marché, invite à déjeuner un client de marque, Chouilloux. Il met toutes les chances de son côté quand soudain arrive son épouse. Ni une ni deux, les pots de chambre volent en éclats. Tandis que leur fils Toto, 7 ans, incarné par l'acrobate Martin Hess, multiplie les gaffes.
Au rythme de chansons pour la plupart contemporaines à Feydeau, nous retrouvons les thèmes chers à l'auteur : le couple petit-bourgeois malmené et l'enfant-roi. Des sujets sacrément d'actualité. Mêlant cirque et théâtre, reprenant les codes du vaudeville et du comique, cette pièce est interprétée par de drôles de clowns.
Coproduction et résidence Châteauvallon-Liberté Générique
Texte Georges Feydeau Mise en scène Karelle Prugnaud Avec Anne Girouard, Patrice Thibaud, Martin Hess, Nikolaus Holz et Cécile Chatignoux Scénographie Pierre-André Weitz Costumes Pierre-André Weitz assisté de Nathalie Bègue Laboratoire scénographique Nikolaus Holz Construction décor Atelier construction décor du Grand T, Nantes Régie décor Eric Benoit Création musicale Rémy Lesperon Conseils dramaturgiques Jean-Pierre Han
Production Compagnie l'Envers du Décor / Compagnie Pré-o-coupé Production et diffusion Rustine -Bureau d'accompagnement / Jean Luc Weinich Administration Cie l'envers du décor Fabien Méalet Coproductions Le Grand T, Théâtre de Loire Atlantique, Nantes / TAP, Scène nationale de Poitiers / Scène nationale du sud Aquitain, Bayonne / L'azimut – Théâtre Firmin Gémier , Antony / L'Agora – Pôle National Cirque de Boulazac / Théâtre du Cloître – scène conventionnée de Bellac / les Scènes du Jura – scène nationale – Lons le Saunier / Châteauvallon-Liberté, scène nationale / L'ARC Scène Nationale du Creusot / L'OARA – Office Artistique de la Région Nouvelle Aquitaine / Théâtre du Bois de l'Aune – Aix en Provence Soutiens Gare à Coulisses, Scène conventionnée d'intérêt national ' art en territoire ' art de la rue – Eurre / Archaos, Pôle National Cirque – Marseille Avec le concours du Ministère de la Culture – DRAC Nouvelle-Aquitaine (compagnie conventionnée) et de la Région Nouvelle-Aquitaine
Photos © Tarik Noui Texte © Vanessa Asse
Note d'intention
Pourquoi Feydeau ?
' Parce qu'il faut se dire que ce sont des tragédies à l'envers, il faut se dire que la catastrophe est imminente à chaque moment. ' (Alain Feydeau. Petit fils de Feydeau)
Cela fait 15 ans désormais que je collabore avec des auteurs vivants et plus particulièrement avec Eugène Durif avec lequel nous avons fait un travail conséquent autour de la tragédie.
J'ai maintenant l'envie de me tourner vers un classique. Travailler sur une pièce du répertoire sans en bouleverser l'écriture ou la dramaturgie. Me confronter à une nouvelle aventure personnelle et collective autour d'un texte connu, étudié, joué, adoubé. Où il n'y aurait de l'auteur que son fantôme qui roderait dans le texte et qu'on chercherait à comprendre et à entendre.
C'est devenu évident qu'il est temps pour moi d'aller dans cette direction. Lors de mes recherches, je me suis donc spontanément jetée sur toutes les pièces Sophocle, Racine, Euripide, Shakespeare, Tchekhov, Gorky, Hugo, Anouilh, Rostand…
Et puis j'ai commencé à me rapprocher de Molière, de Marivaux, de Labiche et je suis tombée sur Feydeau que j'ai feuilleté rapidement avec tous les aprioris et ce qu'on pense savoir de ses pièces. Bref, je l'ai mis de côté…
Dans un premier temps, je jette mon dévolue sur Ajax de Sophocle, une bonne tragédie qui prend bien aux tripes. Mais après cette fabuleuse aventure que nous avons vécue avec Mister Tambourine Man d'Eugène Durif, avec Nikolaus Holz et Denis Lavant, où pour la première fois je me confrontais au monde énigmatique qu'est le clown et qui réveillait pourtant ma profonde coulrophobie enfantine, quelque chose me dérangerait dans le fait de monter une tragédie. Au plus profond de moi, j'éprouvais une autre envie.
Alors je reprends Feydeau et je me pose la question sincèrement : Pourquoi un tel rejet de Feydeau ?
On associe souvent Feydeau au boulevard, au Vaudeville, à cette légèreté qui fait peur parce qu'elle ne semble jamais avoir une profondeur dramaturgique digne de ce nom. En réfléchissant à tous cela je me suis rendue compte que ce n'est pas les pièces de Feydeau ou de Boulevards qui font peur mais ce qu'elles provoquent : le rire.
Le rire a toujours été louche dans l'art. Le rire a toujours eu mauvaise réputation. C'est l'enfant turbulent, le voyou, le sale gosse de la rue qui arrive quand on ne l'attend pas. Il y a toujours cette idée sous-jacente que ' Faire rire un public c'est le distraire, le faire pleurer c'est le toucher '.
Et comme le dit parfaitement Bernard Murat : ' Bizarrement, quand on connaît l'histoire du peuple français, le rire au théâtre est toujours considéré comme inférieur. Faire rire les honnêtes gens n'a jamais été une tâche noble. Les professionnels du théâtre (Dieu quelle horrible expression), les critiques … dans leur majorité n'ont d'yeux que pour le drame et la tragédie. Molière avant Feydeau s'en plaignait déjà. Le public lui, de son coté, rend justice au clown. '
Il a raison Bernard Murat.
Tout est dit et je me rends compte soudain que moi-même j'ai fait partie de ces gens qui ont mis de côté Feydeau par ' à priori ' et par ' snobisme culturel ', sans savoir réellement de quoi je parlais. Parce que sans doute j'ai oublié ou que je ne voulais pas voir que comme dans toute bonne comédie, Feydeau mettait à jour le tragique et le cruel de la société dans lequel on n'a surtout pas envie de se reconnaître. C'est tragique mais on en rit et l'on se souvient alors, comme dirait Nietzsche, que le rire est ' une guerre ' et ' une victoire '.
Je me suis donc plongée dans l'oeuvre de Feydeau et j'ai découvert une partition théâtrale incroyable, une véritable machine à jouer. J'entrais dans une écriture faite de précision, de rythme, de situations d'une exigence incroyable avec des personnages qui se définissent par leurs caractères extrêmement codifiés, décrivant la folie humaine qui naît de rapports sociaux extrêmement contraignants et organisés, issus du quotidien et qu'il ne songe qu'à décaler et distordre jusqu'à l'extrême, jusqu'à ce que ça craque. La comédie humaine n'a jamais changé. Non seulement j'étais heureuse de cette ' rencontre ' mais je me sentais soudain grandie d'avoir cassé en moi cet axiome : ' tragédie = Profondeur. Comédie = légèreté '. Merci Feydeau !
Lorsque j'ai lu On purge bébé, tout m'est venu comme une vraie réflexion sur notre époque. Notre condition sociale. Je me suis donc mise à rêver cette pièce qui pour moi devait être interprétée par ceux qui me font rire et qui me font peur depuis ma plus tendre enfance… ceux qui utilisent le rire comme un catalyseur de nos angoisses jusqu'à les faire sortir de nous dans une espèce de catharsis joyeuse et burlesque… les Clowns.
En savoir plus sur Karelle Prugnaud
Karelle Prugnaud est metteuse en scène, comédienne et performeuse. Elle fait ses débuts en tant qu'acrobate dans des spectacles de rue puis entre en formation au théâtre avec le Compagnonnage-Théâtre (Rhône-Alpes) et notamment Sylvie Mongin-Algan, Dominique Lardenois, Oleg Kroudrachov, Elisabeth Maccoco, Alexandre Del Perrugia et Laurent Fechuret…
Ses premières mises en scènes ont été créees à Lyon en 2003 et 2004, aux Subsistances avec Un siècle d'Amour (d'après Enki Bilal) et au Théâtre de l'Elysée avec Ouvre la bouche oculosque opere (d'après Yan Fabre).
En 2021, avec ' The In Coney Island Society ', elle est lauréate du prix ' Arts de la rue et des écritures dans l'espace public ' décerné par la SACD pour les ' Chroniques du nouveau monde '.
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