Imaginons le travail chorégraphique de Damien Jalet comme une randonnée, dont le chemin borde un à-pic rocheux tutoyant les plus hauts sommets. Les images qui s'y dévoilent coupent le souffle, tant le mélange de beauté et de danger se révèle un peu plus saillant à chaque pas. C'est une telle traversée que propose ce diptyque, dont le titre s'ouvre comme une promesse de vertige.
Pour l'artiste associé à Charleroi danse, une image forte et un rituel millénaire forment le point de départ de l'association de deux créations présentées en dialogue, Skid et Thr(o)ugh. Onbashira est en effet le nom d'un festival qui a lieu depuis 1200 ans dans le centre du Japon. Pour célébrer le renouveau, une cohorte d'hommes porte des troncs de sapins de plusieurs tonnes sur le flanc d'une montagne, jusqu'à les déposer érigés au sein du sanctuaire de Suwa. Le premier volet, Skid, prend place sur une pente glissante et évoque cette descente à haut risque. Sur une paroi inclinée, la danse fine et précise lutte contre la gravité, alors que plane un sentiment de danger sur l'immense surface blanche, que les ombres des danseur·euse·s zèbrent par leurs déplacements. À ses côtés, Thr(o)ugh s'érige comme le miroir de l'élévation de l'arbre gigantesque. Un immense cylindre trône sur scène et devient un tunnel, une menace, une entité vivante plus forte et plus immense que l'échelle humaine. Le mouvement est ici une force vitale qui permet de rester alerte, sur le fil d'une écriture à la beauté tranchante.
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