Bouleversée par la lecture de La Végétarienne, roman écrit en 2016 par la Sud-Coréenne Han Kang, Daria Deflorian, s'entoure d'une équipe de fidèles pour inventer au plateau un nouveau récit et explorer nos interactions avec le vivant.
C'est l'histoire d'une femme, nommée Yonghye, dont la vie auprès de son mari est on ne peut plus ordinaire, jusqu'au jour où elle décide de devenir végétarienne. Cette décision ébranle leur vie tout entière, et va bien plus loin que le simple fait d'arrêter de manger de la viande. Tandis que la protagoniste change, la langue opère aussi une mutation : la prose s'hybride, devient porteuse d'images puissantes et sensuelles, et nous plonge au cœur d'un réalisme poétique. C'est ce qui interpelle Daria Deflorian lorsqu'elle découvre ce texte en 2017 ; elle sait qu'elle se consacrera un jour à Yonghye. Le moment est venu, et il faut dire que ce personnage romanesque lui colle à la peau : elle, qui sait exhumer les identités multiples qui coexistent au sein de l'être. Elle donne à voir et à entendre une métamorphose onirique et végétale d'une femme qui se célèbre et s'épanouit en entreprenant sa propre mise au monde, en bafouant l'ordre établi, car comme l'a écrit René Char, « Celui qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard ni patience. ».
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