Texte & Performance Anne Lefèvre Création Sonore & Performance Joan Cambon
Allez viens, on va les décrasser du zizi jusqu'à leurs poils de nez, on va les épiler à la fourchette, on va les savonner dedans dehors avec une éponge métallique en acier galvanisé et du bon vieux savon de Marseille bien rugueux bien raide, on va déboucher leurs tuyauteries à l'acide et au fer rouge. Allez viens, on va krav-magater les lions et les dragons, on va putréfacter les coléreux et les cons, on va écrabouiller les serpents et les scorpions, et nous on va marcher sur la lune et les étoiles, on va s'encanailler avec les fées et picoler avec Alice, on va s'étourdir d'herbe coupée à la fraîche et copiner avec les lucioles, on va twerker avec les baleines et les éléphants, on va détoxiquer les requins et les chacals, et nous, allez viens, on va chevaucher le tigre parce que nous, il faut que la peur change de camp.
Même si ça brûle 60 mn de mots et de sons incisifs, radicaux, joueurs, résilients. 3 espaces interconnectés (appartements, salle de spectacle). Multiplication des endroits depuis lesquels on regarde pour multiplication jubilatoire de nos sensations. Il faut que la peur change de camp. On s'aventure ensemble ? On crève le trouble ? On attrape les étoiles ? Plus de raison de laisser gagner la laideur. Il y a des soirs où les artistes mettent en mots, en ordre, en poésie, en sons ce que tu as en vrac dans la tête et le corps. Il y a des soirs où ils te prennent la main, l'oreille avec intelligence, humour et force. Il y a des soirs que l'on n'est pas prêt d'oublier, il y a des soirs à ne pas louper. Même si ça brûle est de ces rares moments-là. Nadine Egéa, présidente de l'ATP de l'Aude & de la FATP
J'ai trouvé forte cette partition en trois groupes et le fait d'entendre ce texte dans des espaces intimes et habités. L'entendre résonner in abstentia est très émouvant. L'apparition d'Anne dans chacun de ces espaces également. Le texte projeté aussi bien sûr. Lu, parlé, joué… Et son chant m'a fissurée. De la chair et des os, du mystère, des résonances intimes, forcément. Et ce positionnement si juste de saine colère, évitant toujours les ornières de l'accablement. C'est vraiment beau ! Merci ! Agathe R.
|