Faire la lumière sur l'intelligence artificielle (IA), cette discipline qui joue un si grand rôle dans la modernité contemporaine, telle est la finalité de ce petit ouvrage qui commence par rappeler le sens de notions clefs (agent, robot et bot, automate, intelligence etc.) avant d'en expliquer les différentes facettes. Il inscrit l'intelligence artificielle dans la longue histoire qui commence à Babylone, avec les premiers algorithmes, puis se poursuit en Égypte et en Grèce, avec les automates, et enfin en Europe au XVIIe siècle, avec la machine arithmétique de Blaise Pascal et les projets d'automatisation du raisonnement du philosophe Gottfried Wilhelm Leibniz. Il raconte sa naissance et les jalons de son développement, depuis le milieu du XXe siècle, à la suite de la cybernétique, avec l'invention puis le perfectionnement des réseaux de neurones formels, la démonstration automatique de théorèmes, l'apprentissage machine, en particulier l'apprentissage par renforcement et, surtout, l'apprentissage profond qui se déploie dès les années 2010, avant l'explosion de l'IA générative et de chatGPT en novembre 2022. Il met à jour les principes de son fonctionnement et présente quelques-uns de ses succès. Il donne un avant-goût de ses applications dans de multiples secteurs de l'activité humaine (médecine, exploration spatiale, agriculture, etc.) tout en soulignant le bilan carbone désastreux des calculs induits par son déploiement massif. Enfin, il aborde les questions d'ordre éthique qui nous taraudent tous : en quoi le numérique transforme-t-il les relations interhumaines et la société ? Les machines nous dépasseront elles ? Et, si c'est le cas, prendront-elles bientôt leur autonomie ? Acquerront-elles une conscience ? Auront-elles une volonté qui s'opposera à la nôtre ? Nous dirigeront elles ? Supprimeront elles des emplois ? Nous font-elles entrer dans une société de surveillance ? Comment anticiper les risques majeurs qu'elle nous fait courir ? La réglementation permet-elle de s'en prémunir ? Faudra-t-il instituer un moratoire ou mettre en place des « boutons rouges » ? Jean-Gabriel Ganascia est professeur d'informatique à la faculté des sciences de Sorbonne Université et membre senior de l'Institut Universitaire de France. Il poursuit ses recherches au LIP6 (Laboratoire d'Informatique de Paris VI) et au sein du Labex OBVIL qui fait collaborer son équipe avec les équipes de littérature de la faculté des lettres de Sorbonne Université. Spécialiste d'intelligence artificielle (EurAI Fellow – European Association for Artificial Intelligence), d'apprentissage machine et de fouille de données, ses recherches actuelles portent sur la fusion symbolique de données, sur le versant littéraire des humanités numériques, sur la philosophie computationnelle et sur l'éthique des technologies de l'information et de la communication. Il est également président du comité d'orientation du CHEC (Cycle des Hautes Etudes de la Culture) et membre du comité pilote de l'éthique du numérique du CCNE ( Comité Consultatif National d'Éthique).
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