Fruit d'un travail de recherche de plus de deux ans, l'exposition s'appuie essentiellement sur le fonds photographique d'Agnès Varda et les archives de Ciné-Tamaris. L'exposition met en valeur l'oeuvre encore méconnue de la photographe en regard de celle de la cinéaste, à travers un ensemble de 130 tirages dont de nombreux inédits, des publications, des documents, des objets ayant appartenu à l'artiste, des extraits de films entièrement ou en partie tournés à Paris, des affiches, des photographies de tournage ainsi qu'une sculpture de sa chatte Nini.
Après avoir révélé les premiers pas d'Agnès Varda comme photographe, le parcours propose une première immersion dans la cour-atelier, à l'époque où elle est à la fois un studio de prise de vue, un laboratoire de développement et de tirages et le lieu de sa première exposition personnelle en 1954.
La même cour est revisitée dans les années 1960, à l'époque où Agnès Varda la partage avec le cinéaste Jacques Demy, quand elle est fréquentée par des personnalités du cinéma après avoir accueilli des gens de théâtre.
L'exposition propose ensuite un ensemble de photographies qui soulignent le regard décalé, teinté d'humour et d'étrangeté que l'artiste porte sur les gens et les rues de la capitale. Agnès Varda a en effet répondu à de nombreuses commandes, notamment de portraits mais aussi de reportages, traités à sa façon, avec originalité.
Le regard de la cinéaste sur Paris est évoqué dans un parcours chronothématique mettant en valeur les films tournés entièrement à Paris à commencer par Cléo de 5 à 7 (1962). La ville y est filmée pour être à l'unisson des sentiments traversés par la jeune femme. Cette partie de l'exposition évoque deux autres films où Paris sert à décrire les émotions des personnages avec : un extrait du court-métrage Les fiancés du pont MacDonald (1962) et des photographies de tournage de Loin du Vietnam (1967). À travers une sélection d'extraits de longs et courts métrages, certains inédits ou inachevés, l'exposition interroge également la façon dont la caméra d'Agnès Varda explore la ville et montre sa passion pour les détails urbains, invisibles pour des yeux pressés.
L'exposition se poursuit avec des thématiques chères à l'artiste comme son attention aux gens et plus particulièrement aux femmes et à ceux qui vivent en marge en tissant à chaque fois des liens entre l'oeuvre de la photographe et de la cinéaste. Pour le film L'une chante l'autre pas (1977), qui raconte l'émancipation de deux femmes qui gagnent en liberté et vérité, Agnès Varda a reconstitué la boutique d'un photographe parisien.
Pour ce faire, elle a réalisé une série de portraits féminins dont 12 seront exceptionnellement remis en scène dans le parcours. L'exposition dévoile aussi le projet de livre photographique L'opéra-Mouffe, illustrant des chansons sur le quartier Mouffetard, devenu en 1958 un court-métrage explorant les sentiments contradictoires qui traversent une femme enceinte dans un des quartiers les plus pauvres de Paris. Elle présente également Daguerréotypes (1975), documentaire tourné le long de la rue Daguerre dans lequel Agnès Varda réalise un ensemble de portraits de ses voisins commerçants.
L'exposition s'achève autour de portraits de l'artiste photographiée et filmée dans sa cour-atelier devenue cour-jardin, à partir de laquelle elle a fait rayonner son oeuvre tout en cultivant un personnage haut en couleur.
Un ouvrage comprenant les essais des commissaires et des membres du comité scientifique est publié aux Éditions Paris Musées.
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