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Par Denis Kambouchner , professeur émérite à l'université Paris 1, président de la Société française de philosophie. On lit dans les Méditations métaphysiques de Descartes (1641, traduites du latin en français en 1647) : ' Tout le temps de ma vie peut être divisé en une infinité de parties, chacune desquelles ne dépend en aucune façon des autres '. C'est là ce qu'on a appelé la thèse cartésienne de la discontinuité du temps. Celle-ci sert à montrer que sans un Dieu pour nous conserver à chaque instant dans l'être, nous pourrions, nous qui existons à cet instant, retomber à l'instant d'après dans le néant. Dans quelle mesure cette thèse doit-elle être prise au sérieux ? Ne va-t-elle pas contre toute notre expérience du temps, bien mieux restituée, deux siècles et demi plus tard, par un Bergson, penseur de la durée ? On s'efforcera de montrer, après d'autres interprètes, que chez Descartes lui même, le temps du mouvement, celui du désir et celui de la mémoire se définissent bien autrement qu'il n'apparaît ici.
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