Hymne à la danse
Monument de l'histoire de la musique, le Boléro est une composition paradoxale, tant pour Ravel que pour le public. ' Mon chef-d'oeuvre ? Le Boléro, bien sûr ! Malheureusement, il est vide de musique ', écrivait le musicien en 1928. Cette remarque à la fois provocante et espiègle masque un coup de génie : avec une économie extrême de moyens, un ostinato rythmique, deux motifs mélodiques, un crescendo orchestral et une modulation inattendue, Ravel crée un chef-d'oeuvre universel, fruit d'une réflexion musicale radicale. Commande de la danseuse et chorégraphe Ida Rubinstein, le Boléro est d'abord pensé pour la danse. Son rythme hypnotique évoquant les castagnettes saisit l'auditeur dès les premières secondes pour ne plus le lâcher. Maquettes de décors et dessins de costumes font revivre différentes productions du Boléro tout en évoquant d'autres partitions chorégraphiques de Ravel : Pavane pour une infante défunte, Daphnis et Chloé, La Valse.
Musique en images
Le visiteur éprouve dès la première salle l'expérience physique de ce crescendo orchestral envoûtant, grâce à un dispositif cinématographique unique dédié à l'interprétation du Boléro par l'Orchestre de Paris et son directeur musical Klaus Mäkelä. Plus loin, les multiples réinterprétations musicales et chorégraphiques de l'oeuvre - dont celles de Maurice Béjart, d'Aurél Milloss ou de Thierry Malandain - se déploient en une partition audiovisuelle qui montre que, depuis 1928, le Boléro n'a cessé de fasciner les interprètes.
L'Espagne revisitée
Le Boléro - d'abord intitulé Fandango - s'inscrit dans toute une lignée d'oeuvres ravéliennes inspirées par l'Espagne, de la Habanera de sa jeunesse à sa toute dernière pièce, Don Quichotte à Dulcinée, en passant par l'opéra L'Heure espagnole. Né à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz, Ravel hérite de sa mère le goût de la musique espagnole et s'empare d'un imaginaire fait de sensualité et de rêve qu'il partage avec ses contemporains musiciens. Plusieurs oeuvres d'art, comme Lola de Valence de Manet, apportent un écho pictural à ce goût pour une Espagne haute en couleur.
Une mécanique de précision
À la manière d'un enfant, Ravel se passionne pour toutes sortes de mécanismes, comme ceux des jouets et casse-têtes qui peuplent sa maison du Belvédère à Montfort-l'Amaury. Dans une lettre de 1928, le compositeur parle du Boléro comme d'une ' machine '. Fils d'un ingénieur-inventeur, soucieux du moindre détail d'écriture et d'orchestration, Ravel excelle dans la production d'oeuvres ciselées au mécanisme à la fois implacable et subtil, comme le Boléro. Il partage cette fascination avec de nombreux artistes de son temps, comme Frantiu0161ek Kupka ou Fernand Léger.
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