Rompu depuis 20 ans aux écritures contemporaines, Simon Delétang s'empare ici du Misanthrope, comédie de moeurs où la satire cruelle y est sport de combat.
En adaptant la célèbre pièce de Molière, le metteur en scène éclaire sous un nouveau jour les enjeux de domination qui s'y cachent. En effet, sous couvert d'intégrité, Alceste tente d'imposer sa vision du monde à Célimène, une jeune femme libre et indépendante.
Alceste n'aime pas le genre humain, son hypocrisie et sa lâcheté, mais il est éperdument amoureux de Célimène, une veuve mondaine qui collectionne les conquêtes. Elle n'a de cesse d'exciter sa jalousie, le rendant détestable aux yeux de tou·te·s. Pour résoudre son dilemme, il tente de convaincre la jeune femme de se retirer du monde avec lui. Elle refuse et il s'en va, seul. Simon Delétang, nouveau directeur du Théâtre de Lorient, offre un miroir cruel à la société en faisant ressortir la complexité de chacun des personnages. Interprétée par Leïla Muse, Célimène n'est plus perçue comme une grande coquette fourbe mais comme une jeune femme qui assume sa vision du monde et sa place dans la société face aux hommes. Thibault Vinçon amène, quant à lui, une dimension inquiétante au romantisme d'Alceste, dont la droiture cache une jalousie maladive. En écho à la beauté des alexandrins,
le metteur en scène place l'histoire dans un écrin de décors machinés, véritable machine à illusions qui nous transporte de l'intérieur d'un palais au bord de l'océan.
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