Le Chant de la terre n'est pas à proprement parler une symphonie, mais n'est-ce pas là justement la symphonie ultime qui réunit le verbe et la musique, la voix et les instruments ? Une grandeur avec laquelle rivalise étonnamment l''Inachevée' de Schubert.
Deux testaments, voilà ce que sont la Huitième Symphonie de Schubert et le Chant de la terre de Mahler. La symphonie de Schubert parce que, inachevée, elle l'est jusque dans ses propres mélodies, dans les figures interrogatives de ses basses, les thèmes sans cesse interrompus, les ruptures entre la précipitation d'un accompagnement et une autre idée délicieusement dansante, pourtant tout aussi condamnée à se briser sur les signaux de vents. Le Chant de la terre parce qu'il témoigne à sa manière des dernières heures, lui aussi dans l'attente probable de l'achèvement. 'Symphonie pour ténor, alto ou baryton et grand orchestre', indique Mahler. Le compositeur s'est inspiré de vieux poèmes adaptés du chinois par Hans Bethge. Six lieder dans lesquels Mahler part à la découverte de lui-même, livré à cette solitude où il écoute tout ce qui se passe en lui. Nul sujet n'est évité. Ni la mort, ni la nature. Trivialité d'une chanson à boire, douleur de l'homme seul, enthousiasme de la jeunesse, voluptueuse évocation de la beauté. Et, pour porter ce message poignant, un duo de chanteurs de haute volée avec Stuart Skelton et Wiebke Lehmkuhl.
Programme : Franz Schubert, Symphonie n° 8, en si mineur, D 759, 'Inachevée' Gustav Mahler, Le Chant de la terre
Distribution : Orchestre national de Lyon Nikolaj Szeps-Znaider, direction Wiebke Lehmkuhl, contralto Stuart Skelton, ténor
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