Présentes régulièrement dans cette saison de l'Orchestre national de Lyon, les Américaines Amy Beach et Florence Price nous rappellent quels préjugés de genre et de race les femmes ont dû affronter pour gagner leur place au sein de la création musicale. Les musiciens de l'ONL remontent aux origines de la lutte avec les quintettes de ces deux pionnières.
Ne pouvant s'exprimer librement en musique, la femme, affirmait Amy Beach, se voyait 'refuser bon nombre des expériences qui colorent la vie de l'homme'. Elle-même était pourtant musicienne de naissance, connaissant au berceau une quarantaine de chansons, harmonisant à 2 ans les berceuses chantées par sa mère. Son mariage eut néanmoins raison de sa carrière ; son mari exigea qu'elle cesse les leçons et limita ses concerts à deux représentations caritatives annuelles, ne soutenant que son activité de compositrice. Il n'en fallait pas plus aux musiciens de l'ONL pour avoir envie d'y regarder de plus près. Avec le quintette d'Amy Beach (1907), on est encore dans un univers post-brahmsien ; celui de Florence Price (1936) nous plonge dans les États-Unis modernes, avec un irrésistible troisième mouvement en forme de juba, danse de ces esclaves africains dont elle-même est la descendante.
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