Les mots des patients et du personnel soignant résonnent. Artiste fidèle de la Scène nationale, Thomas Quillardet s'est immergé dans un service d'addictologie. Il nous livre ici un solo passionnant, peuplé de mille voix, véritable radioscopie de l'hôpital d'aujourd'hui.
Résumé
Comprendre l'origine de son addiction. Savoir comment la vaincre. Éviter les rechutes, soigner au mieux. Pendant six mois, Thomas Quillardet a côtoyé des hommes et des femmes dépendants à l'alcool, à la drogue… Sur scène, assis sur une simple chaise, il leur prête sa voix. Et dévoile leurs espoirs et parfois leur refus d'accepter la réalité. À travers ces différents monologues, à la fois cocasses et bouleversants, l'artiste parvient autant à nous émouvoir qu'à nous faire rire.
Générique
Texte et interprétation Thomas Quillardet Dramaturgie Guillaume Poix Collaboration artistique Jeanne Candel Lumières et régie générale Milan Denis Collaborateur.trice.s Titiane Barthel, Ernestine Bluteau, Frédéric Gigout et Guillaume Laloux Direction de production et administration Maëlle Grange Direction de production et diffusion Marie Lenoir Direction générale Fanny Spiess
Production 8 AVRIL Coproductions Festival d'Automne à Paris / Théâtre de la Ville-Paris / Le Trident-Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin / La Rose des Vents-Scène nationale Lille Métropole à Villeneuve-d'Ascq Avec le soutien en résidences de création de L'azimut à Antony-Châtenay-Malabry / La vie brève – Théâtre de l'Aquarium / Théâtre Jacques Carat de Cachan et le Théâtre ouvert
Photo © Mélina Vernant Texte © Vanessa Asse
Extrait d'entretien avec Thomas Quillardet
Vous vous êtes installé pendant plusieurs mois dans un service addictologie d'un Hôpital francilien au printemps 2022, sur une proposition du Festival d'Automne à Paris. Qu'est qui vous a intéressé dans cette proposition ?
J'ai accepté cette résidence au sortir du confinement et de la crise sanitaire. J'avais été assez blessé, impacté par la fermeture des théâtres, l'impossibilité de créer ; et aussi quand tout a enfin rouvert, par un retour mitigé du public dans les salles. Je ne savais plus très bien par quel bout prendre le théâtre, comment refaire du théâtre, comment sortir de notre bulle, être dans le réel sans être happé par lui. Parce que je pense que ce n'est pas toujours rendre servir au théâtre que de raconter seulement la réalité du monde, je pense qu'il faut aussi pouvoir la ' délirer '.
Cette proposition du FAP a surgit de façon totalement inattendue et je l'ai tout de suite acceptée, car j'y ai vu une confrontation au réel qui me manquait. De façon générale, j'aime assez répondre à des commandes. Au début on ne sait jamais par quel bout les prendre, on a toujours un peu peur, mais accepter et aller au bout d'une commande m'a toujours fait évoluer dans mon travail d'artiste et cela a été le cas pour celle-ci.
J'ai accepté aussi parce que cette résidence me mettait au contact des soignants, que j'avais applaudis comme tout un chacun à 20h pendant le confinement. Il m'a semblé nécessaire de travailler en cohérence avec mes actes : si j'avais applaudi les soignants en mars 2020, il fallait que j'aille à leur rencontre, voir comment ils travaillent et comment se porte l'hôpital public.
J'ai choisi un service d'addictologie un peu par hasard, par instinct, car je voulais pouvoir parler à des personnes qui puissent me répondre, qui aient une conscience de ce qui se passe autour d'eux, dont la pensée ne soit pas entravée par leur pathologie, ce qui n'est pas toujours le cas avec le handicap mental ou la gériatrie par exemple.
J'ai donc passé pendant six mois, deux jours par semaine de 9h-17h dans ce service addictologie. J'y ai suivi toutes les journées des soignants et des patients. J'y ai mené des ateliers et présenté des spectacles.
La presse en parle
Un monologue saisissant. ((…)) En évitant l'aspect documentaire, platement réaliste, son monologue devient une polyphonie où les singularités des intervenants se marquent juste par le rythme et le phrasé. Travail virtuose, musical, où la seule générosité d'une interprétation sans effet, directe, rend vivante la douleur du sevrage, et bientôt nos douleurs tout court. ((…)) En Thomas Quillardet résonnent des timbres qu'on n'écoute pas, qu'on n'entend plus. Résonnent aussi les mille stridences d'un hôpital public cabossé, lui aussi en souffrance. Et c'est merveille, et tragédie soudain, de les entendre. Sans pathos, à bonne distance. Humain. Télérama
Dans un monologue simple, dense et très touchant, Thomas Quillardet fait bruisser un service d'addictologie des paroles des patients et des soignants qui le traversent. Passionnant. La Terrasse
Né d'une observation documentaire, nourri par le sensible, le monologue qu'il porte sur le plateau est un flux de paroles puisées dans le vivant. Elles se croisent et se percutent dans un rythme serré au plus près. Le Monde
En savoir plus sur Thomas Quillardet
Après une formation de comédien (Ateliers du Sapajou et Studio-Théâtre d'Asnières avec Jean-Louis Martin-Barbaz) et plusieurs assistanats, Thomas Quillardet décide de se consacrer à la mise en scène.
Il crée son premier spectacle Les Quatre Jumelles de Copi en 2004 puis organise l'année suivante, dans le cadre de l'année du Brésil, le festival Teatro em Obras à Paris au Théâtre de la Cité Internationale et au Théâtre Mouffetard, composé d'un cycle de douze lectures de jeunes dramaturges brésiliens et de la mise en scène du Baiser sur l'asphalte de Nelson Rodrigues.
De 2006 à 2014, il rejoint Jakart/Mugiscué, un collectif théâtral situé en région Limousin et associé aux Treize Arches, Théâtre de Brive-La-Gaillarde, et au Théâtre de L'Union – CDN du Limousin. En 2007, il monte avec des acteurs brésiliens, à Rio de Janeiro et à Curitiba, un diptyque de Copi : Le Frigo et Loretta Strong (Villa Médicis hors les murs). En 2008, il met en scène Le Repas de Valère Novarina au Théâtre de l'Union à Limoges et à La Maison de la Poésie à Paris. Dans le cadre de l'année de la France au Brésil en 2009, il crée au SESC Copacabana à Rio de Janeiro L'Atelier Volant de Valère Novarina avec des acteurs brésiliens.
L'année suivante, il met en scène avec Jeanne Candel Villégiature d'après Goldoni. En 2012, il monte successivement Les Autonautes de la Cosmoroute d'après Julio Cortázar et Carol Dunlop au Théâtre national de La Colline, L'Histoire du Rock par Raphaèle Bouchard ainsi que Les Trois Petits Cochons au Studio-Théâtre, signant ainsi sa première collaboration avec la Comédie-Française.
En 2015, il fonde la compagnie 8 AVRIL et créé les spectacles : Montagne (2016) puis Où les coeurs s'éprennent (2016), adaptation des scénarios d'Éric Rohmer Les Nuits de la pleine lune et Le Rayon vert et Tristesse et joie dans la vie des girafes (2017) de Tiago Rodrigues.
Durant la saison 2018-2019, il adapte et met en scène avec Marie Rémond : Cataract Valley, d'après la nouvelle Camp Cataract de Jane Bowles, spectacle qui sera repris à l'Odéon-Théâtre de l'Europe en mai 2019 et Le Voyage de G. Mastorna d'après Fellini à la comédie française.
En 2019, il s'engage dans la re-création de L'Histoire du Rock par Raphaële Bouchard. Thomas Quillardet crée en 2020 deux nouvelles pièces : L'Encyclopédie des Super-héros (en partenariat avec le Théâtre du Sartrouville – CDN) spectacle à partir de 9 ans et Ton père d'après le roman de Christophe Honoré.
En 2021, il met en scène deux nouvelles pièces : L'arbre, le Maire et la Médiathèque, adaptation du scénario d'Eric Rohmer pour l'extérieur et Une Télévision française, dont il signe également le texte.
En 2023, dans le cadre du Festival d'Automne à Paris, il créé et joue dans le seul en scène En Addicto, récit de son immersion pendant 6 mois dans un service d'addictologie d'un hôpital francilien.
Membre du comité lusophone de la Maison Antoine Vitez, Thomas Quillardet traduit des pièces brésiliennes et portugaises, notamment les auteurs Marcio Abreu, Tiago Rodrigues, Joana Craveiro ou encore Gonçalo Waddington.
|