Dans une langue poétique explosive, l’auteur et metteur en scène belge Thymios Fountas brode une fable queer, insolente et romantique, au coeur d’un monde qui s’effondre.
Dans l'univers de Bâtard, le terrain est vague, le ciel s'est fait la malle et on dirait que la planète envisage sérieusement de baisser le rideau. Bâtard, lui, attend son jugement pour un meurtre dont il ne se souvient pas. Mais Bâtard est poète et comme tous les poètes, il possède des super-pouvoirs. Le voilà qui fait des trous dans l'espace temps pour tenter de se remémorer la nuit d'avant. C'est alors qu'Ekart débarque, avec son aura de star du quartier et son bon niveau d'anglais, sésame vers un avenir meilleur, ailleurs. Mais y a-t-il encore un avenir quelque part pour ces garçons qui se déchirent parce qu'ils s'aiment si fort et si mal ? « J'suis comme un faucon en cage, une invariable buse, un raté taré. Et je tape mon bec contre les barreaux quand passent les étourneaux. Et quand je sors, je ravage. » Les mots de Thymios Fountas, dans la bouche de son anti-héros queer, Bâtard, fusent et râclent comme une poésie sauvage et cathartique, une façon de hurler qu'il est encore possible de croire à un lendemain dans un présent qui collapse, grâce à la force de l'imaginaire. Inspirée de la première pièce de Bertold Brecht, Baal, sur un poète maudit et provocateur évoquant Rimbaud, cette fable tragi-comique revendique son outrance et son goût pour le kitsch. Il sera question de masculinité ébréchée, de romance malade, de marginaux magnifiques. Et de la possibilité de s'aimer encore, dans ce monde à reconstruire.
Rencontre avec les artistes à l'issue de la représentation du jeudi 13 février.
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