Entre performance vidéo et monologue vibrant, Yasmine Yahiatène cherche à comprendre ce que son père lui a toujours tu de ses origines kabyles. Une quête d’identité à vif qui mêle histoire intime et rapport politique au monde.
Son père était son héros, son modèle. Jusqu'à ce que l'alcoolisme brise tout. La jeune femme l'a alors coupé de sa vie, pour se reconstruire ailleurs. Mais peut-on vraiment gommer un parent, une partie de soi-même et en faire le deuil de son vivant ? Et que faire du reste de la mémoire familiale ? La jeune artiste pose ces questions à son père absent. Pourquoi avoir fui la Kabylie à 7 ans, avec ses parents, lors de la guerre d'indépendance ? Pourquoi ne lui a-t-il jamais appris l'arabe ? Pourquoi buvait-il autant ? Seule en scène devant un écran où défilent les images de sa vie, Yasmine Yahiatène tente de recoller les morceaux d'une figure paternelle brisée. « J'ai trouvé trois points communs entre l'Algérie et l'alcoolisme : le silence, le tabou, et la honte. » Elle trace au sol des mots ou des dessins d'enfance, harangue l'absent, se filme elle-même dans une forme d'ivresse cathartique, où son visage se fond dans celui de son géniteur. Par tous ces gestes et ces mots, l'artiste cherche les morceaux manquants de sa propre identité et défriche de nouveaux sentiers de résilience intime et collective.
Rencontre avec les artistes à l'issue de la représentation du mercredi 12 février.
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