C'est dans un Paris à la fois légendaire et bien réel, au temps éternel de la bohème, que se situe le célèbre opéra de Giacomo Puccini.
Dans une mansarde parisienne, une cousette aux mains glacées et un poète au cœur ardent se rencontrent à la lueur d'une chandelle. C'est le début d'un amour mémorable, d'un amour pour les siècles, d'un amour qui nous transperce et qui nous brûle toujours aujourd'hui : car ils l'ignorent encore, mais la flamme qui les anime succombera bientôt à la fureur des vents et de la neige, au froid qui consume, au froid qui tue. Grisante saga de la vie ordinaire, qui sans transition ménage tour à tour le burlesque et le grandiose, La Bohème dépeint l'existence aussi prosaïque que déchirante d'artistes et de saltimbanques sans le sou, de petites gens qui n'ont rien mais qui rêvent sans limite. À travers le personnage de Mimì, elle raconte également avec une force touchante l'humilité de la résilience et l'amour de la vie, le plaisir des choses simples, du printemps et des premiers soleils, aussi éphémères soient-ils.
Tout le génie dramatique de Puccini se résume dans cette partition fulgurante, qui court à la catastrophe avec un rythme haletant. Pièce maîtresse du répertoire lyrique, elle parvient avec une drastique économie de moyens à atteindre cette incandescence dont peu d'opéras sont capables. Renouant avec la franchise de ce théâtre dans lequel la vérité de la musique s'impose avec évidence, l'efficace mise en scène de Frédéric Roels nous enjoint à considérer ce dénuement pour ce qu'il est : la source des plus terribles tragédies humaines, et la matière première des plus grandes œuvres d'art.
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