Entre éternelle enfance, renversement de la logique et des valeurs du monde adulte, et affranchissement à l'égard de la morale et du pouvoir, la figure d'Alice demeure l'une des plus ambigües de l'art occidental, comme le rappelle ce mini-opéra contemporain pour marionnettes composé spécialement pour les enfants.
Au pays des merveilles, De l'autre côté du miroir ; les aventures fantastiques prêtées par Lewis Carroll à Alice n'ont cessé de nous fasciner. Ce mathématicien façonné par l'époque victorienne, et projetait sur le monde de l'enfance un regard que la psychanalyse, bien après sa mort, ne manquerait pas de juger équivoque, il était passé maître dans la composition d'univers parallèles fondés sur des logiques alternatives, les masques et les fauxsemblants. Quelques illustratrices mises à part, les artistes s'étant emparés du mythe afin de le réécrire étaient le plus souvent des hommes. Depuis un peu plus d'une décennie, des créatrices de toutes disciplines se l'approprient et y projettent l'éclairage d'une émancipation féministe. Après la compositrice coréenne Unsuk Chin, c'est une jeune équipe formée de Sofia Avramidou pour la musique, Mélanie le Moine pour le livret et Aurélie Hubeau pour la mise en scène, qui signe cet opéra intimiste, auquel participent les musiciens de l'Ensemble intercontemporain et les étudiants de l'Institut National de la Marionnette de Charleville-Mézières.
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