L'artiste Sandra Reinflet investit la basilique cathédrale Saint-Denis avec l'exposition ' Nouvelles Reines ' mêlant des portraits photographiques et des textes.
Trente-deux reines de France sont inhumées à la basilique cathédrale Saint-Denis. D'Arégonde, reine mérovingienne, belle-fille de Clovis, à Marie-Antoinette, à l'aube de la Révolution, elles ont su, malgré leur exclusion du pouvoir, marquer l'Histoire de France de leurs empreintes. Plusieurs vitraux, créés au XIXe siècle pour ce monument, rappellent leur présence et leurs destins souvent exceptionnels.
32 reines, 32 portraits
Sandra Reinflet a photographié et projeté ces vitraux sur les corps de trente-et-une habitantes de Saint-Denis et d'Aubervilliers. L'exposition débute par une série de portraits exposés sur le parvis à l'extérieur de la basilique et se poursuit dans la crypte de la nécropole royale. À la fin de l'exposition, un espace est aménagé avec un vitrail projeté afin que les visiteuses et les visiteurs puissent réaliser une photographie de manière comparable au travail de l'artiste. Ainsi apparaîtra le trente-deuxième et dernier portrait des ' Nouvelles Reines '.
À la rencontre des nouvelles reines
Pour réaliser cette exposition, Sandra Reinflet est allée à la rencontre de nombreuses femmes dans différentes structures sociales de Saint-Denis et d'Aubervilliers. Plusieurs séances d'écriture en ateliers ont été nécessaires afin de créer un lien de confiance entre l'artiste et les participantes. Un studio photographique éphémère a ensuite été installé dans chacun des lieux pour réaliser les portraits inspirés des parcours de chacune.
Les projections de vitraux esquissent une mosaïque surprenante et poétique sur leur peau. L'artiste souhaite ainsi mettre en lumière ces femmes qui, par leur résilience, leur courage et leur détermination sont les reines d'aujourd'hui. Les textes qui accompagnent les portraits retracent quant à eux les parcours de ces néo-souveraines méconnues.
Sandra Reinflet est dionysienne, et intervient depuis quinze ans auprès de publics dits ' empêchés '. Autrice et photographe, elle développe des travaux engagés au long cours qui mettent dans la lumière des personnes qui en sont éloignées. Dans les cités du 93, dans l'hyper-ruralité de nos diagonales du vide, dans des prisons pour femmes ou auprès de mineures non accompagnées, elle montre par la création que les paroles de ces publics sensibles sont essentielles. Que ces voix ont besoin d'être entendues, ces visages d'être vus pour changer nos visions. Et ce, avec une ambition artistique exigeante.
Elle a reçu le Prix Roger Pic de la SCAM en 2020 pour son travail photographique sur les artistes contraints pour raisons religieuses ou politiques dans le monde (série réalisée pendant six ans en Iran, Mauritanie, Papouasie Nouvelle Guinée, Madagascar et au Brésil, exposée à la MAC de Créteil, à la SCAM, au Musée de la résistance du Morvan, dans de nombreux festivals photo et lauréate du Prix des membres Carré sur Seine).
À l'issue d'une résidence d'écriture et de photographie d'un an dans la Cité du Franc-Moisin en 2022 (initiée par le département de Seine Saint-Denis), actuellement en rénovation urbaine, elle a créé Ma place, une exposition de portraits grands-formats in situ, co-réalisée avec les habitants, un street artist et un cabinet d'architecte. Les trente portraits exposés dans des structures créées pour l'occasion, au coeur du quartier, avaient pour but de montrer le patrimoine humain d'une cité souvent réduite à son architecture ou à ses faits divers.
Très investie sur son territoire de résidence, Sandra Reinflet a également réalisé une exposition photo-texte autour de l'invisibilité des jeunes femmes dans les villes de banlieue. Ce travail a été co-produit avec des élèves apprenties photographes en lycée professionnel et exposé en vingt bâches géantes autour de la basilique cathédrale Saint-Denis.
Lauréate de la Grande Commande Photographique initié par le Ministère de la Culture et la Bibliothèque Nationale de France en 2022, elle vient de produire un reportage de six mois intitulé ' Le Prix du silence ' sur le processus d'achat de la paix sociale autour du projet d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure, dans la Meuse.
Elle réalise également de nombreuses actions culturelles sur le territoire. Récemment avec le département des Landes et la Ville de Saint-Malo pour un projet de création avec des jeunes adultes post-décrochage scolaire (la série intitulée La Vie Augmentée les met en scène dans une vision idéale d'eux-mêmes), à Marseille et Houlgate avec le projet Des racines et des mineurs non accompagnés, à la Maison d'Arrêt des Femmes de Fleury Mérogis autour d'un travail de récit sur le corps individuel et collectif... Son approche artistique est résolument engagée et tournée vers l'action sociale au long cours.
Elle est par ailleurs l'autrice de quatre ouvrages (un roman aux éditions JC Lattès, deux récits chez Michalon, un livre photo à La Martinière).En savoir plus sur l'artiste
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