De son adolescence, la metteuse en scène Rébecca Chaillon garde un sentiment doux-amer. Celui de n'avoir pas saisi ce qui lui arrivait, entre un corps en transformation et des normes sociales pas toujours faciles à ingurgiter. Dans Plutôt vomir que faillir, la metteuse en scène illustre ce trop-plein et ces injonctions.
Résumé
Un mur de fours à micro-ondes, une assiette et des couverts géants, une rampe de self-service. Dès le lever de rideaux, nous voilà propulsés à l'heure du repas, dans une cantine scolaire, lieu de sociabilité et de fragilité.
Porté par un quatuor de jeunes artistes queer, ce spectacle corrosif raconte cette période où les questions forgent autant qu'elles fâchent. Les premières fois, les hormones qui s'agitent, les poils qui poussent trop ou pas assez, tout comme les seins. Les injonctions des parents. À cet âge-là, tout donne le haut-le-cœur. Tout donne l'envie de dégobiller.
Ces obsessions, les comédiens ont choisi de les décortiquer de façon décapante. De quoi galvaniser le public !
Générique
Mise en scène Rébecca Chaillon Écritures Rébecca Chaillon et les acteurices Avec Zakary Bairi, Sekhou Dramé, Mélodie Lauret et Yasmine Ndong Abdaoui Dramaturgie et collaboration à la mise en scène Céline Champinot Assistanat à la mise en scène Jojo Armaing Scénographie et recréation costumes Shehrazad Dermé Création sonore Élisa Monteil Création lumière et régie générale Suzanne Péchenart Création dispositif réseau-vidéo Arnaud Troalic Création conduite vidéo Jenny Charreton Régie lumière et vidéo My Bertin Régie son et montage vidéo Justine Pommereau Régie plateau Marianne Joffre
Cette création a été accompagnée par l'équipe permanente et intermittente du CDN de Besançon, et notamment : Création costumes Florence Bruchon Construction du décor David Chazelet, Antoine Peccard et Thomas Szodrak Réalisation couverts Rémy de l'entreprise Savoir-Fer
Remerciements Macha Robine, Sandra Calderan, Hélène Barillot Paroles et composition des chansons ' Tout mon sang ', ' Et si je l'étais ? ', ' Poil ' et ' Putréfaction ' Mélodie Lauret
Rébecca Chaillon est représentée par L'Arche, agence théâtrale. www.arche-editeur.com
Production Compagnie Dans le ventre Coproduction CDN Besançon Franche-Comté (producteur délégué de la création et la première tournée 22-23) / TPR – Centre neuchâtelois des arts vivants – La Chaux-de-Fonds / Maison de la Culture d'Amiens / Le Maillon Théâtre de Strasbourg – Scène européenne / Théâtre du Beauvaisis – Scène nationale / Le Phénix – Scène nationale de Valenciennes / Centre dramatique national Orléans/Centre Val-de-Loire / Le Carreau du Temple – Établissement culturel et sportif de la Ville de Paris / La Manufacture – CDN Nancy – Lorraine
Avec le soutien de la DRAC Hauts-de-France dans le cadre de l'aide à la création Avec le soutien de la Région Hauts-de-France Réalisé avec l'aide du Ministère de la Culture Avec le soutien du Théâtre Public de Montreuil – centre dramatique national et de La Ferme du Buisson, de la Ménagerie de verre dans le cadre du dispositif StudioLab Avec le soutien de l'École de la Comédie de Saint-Etienne / DIESE # Auvergne-Rhône-Alpes
Ce spectacle a été créé le 29 novembre 2022 au CDN Besançon Franche-Comté et a tourné sur les saisons 22-23 et 23-24 avec les interprètes Chara Afouhouye et Anthony Martine.
La Compagnie Dans Le Ventre a été accompagnée par le bureau de production L'Oeil Ecoute – Mara Teboul de 2018 à 2024.
Photos © Marikel Lahana Texte © Vanessa Asse
Note d'intention
Du collège, je garde le souvenir amer de n'avoir rien compris à ce qu'il m'arrivait. De prendre de pleine face et sans casque les codes d'une société nouvelle. D'avoir vécu mille violences et perditions dans l'enceinte de mon corps et de la cour.
Mes mots étaient vides de sens, je ne sais plus ce que je pensais à l'époque ni qui j'étais et si je regarde vingt ans en arrière, c'est de loin la période où j'aurais voulu qu'on mette sur ma vie des mots, des images à la hauteur de mes émotions.
J'aurais voulu être sûre de ne pas rater le virage qui me mène à qui j'étais, j'aurais voulu que le trajet vers mon identité soit bien mieux balisé. Fraîchement adulte (19 ans) et douze années durant, je retraversais les cours des collèges, avec Entrées de Jeu, une compagnie de débat théâtralisé. Nous jouions devant des centaines d'élèves autour de la vie affective, de la violence, des dangers liés aux psychoactifs et aux écrans. Des milliers de représentations en salle de perm, au CDI, dans des réfectoires, à travailler avec l'infirmière, les CPE.
Aujourd'hui, je sens que mon média de performeuse, que j'ai longtemps cru réservé à des adultes, d'une certaine classe sociale, serait le juste endroit, pour décrire l'intime en construction, l'intime parfois déjà en tempête, pour poser les questions qui fâchent, et les images douces et violentes, pour parler d'un corps individuel et collectif.
Vomir comme un rejet nécessaire et viscéral, une protection contre quelque chose qu'on ne digère pas. Vomir contre un ordre établi, contre un cadre qu'on n'a pas choisi.
J'ai envie de parler premières fois trop tôt et trop tard, boutons sur le front, poils partout et nulle part, seins qui poussent trop et pas assez, genre à l'envers, apprentissage de son corps, communication impossible avec la famille, famille sans passé nommé, fratrie décomposée, silence, silence, silence, coming out, foi de nos parents, foi à soi, dépendances et prises de risque, engagement militant numérique, jets de pensée, jets d'émotions, rejet de tout.
Rébecca Chaillon
La presse en parle
Toujours aussi percutante, Rébecca Chaillon n'a rien perdu de sa force de frappe en s'adressant à un public adolescent. Entre légèreté et noirceur, Plutôt vomir que faillir libère ses humeurs pour parler à la jeunesse les yeux dans les yeux, sans tabous ni fausse pudeur. Sceneweb
Avec Plutôt vomir que faillir, Rébecca Chaillon nous guide avec humour dans les coulisses de l'adolescence. Toute La Culture
Rébecca Chaillon signe une performance hilarante et d'une sensibilité d'écorchée. Foutrement inventive aussi. C'est trash et cash mais d'une vérité abrasive, explosive et jubilatoire. Un fauteuil pour l'orchestre
En savoir plus sur Rébecca Chaillon
D'origine martiniquaise, Rébecca Chaillon passe son enfance et son adolescence en Picardie. Elle rejoint Paris pour des études d'arts du spectacle et le conservatoire du XXème arrondissement de Paris.
De 2005 à 2017 elle travaille au sein de la compagnie de débat théâtral Entrées de jeu dirigée par Bernard Grosjean et dans sa propre structure : La compagnie Dans le Ventre qu'elle fonde en 2006.
Sa rencontre avec Rodrigo Garcia lui confirme son envie d'écrire pour la scène performative, d'y mettre en jeu sa pratique de l'auto-maquillage artistique enseignée par Florence Chantriaux et sa fascination pour la nourriture. Elle écrit alors un seule-en-scène L'Estomac dans la peau (texte lauréat CNT/ARCENA dans la catégorie Dramaturgies Plurielles en 2012) ainsi que de courtes formes performatives, programmés dans de nombreux festival de performances mais aussi dans des lieux de diffusions tels que La Ferme du Buisson et la Scène Nationale d'Orléans.
Sa création suivante Monstres d'amour (je vais te donner une bonne raison de crier) est un duo avec sa collaboratrice principale Elisa Monteil, autour du cannibalisme amoureux et d'Issei Sagawa.
En 2016, Rébecca Chaillon participe aux films documentaires sur les performers pro-sex d'Emilie Jouvet My body my rules, et Ouvrir la Voix d'Amandine Gay sur les femmes afro-descendantes. Elle débute aussi sur les écrans avec un rôle récurrent pour une série produite par OCS, Les Grands, réalisée par Vianey Lebasque.
Rébecca Chaillon écrit les textes, danse et performe dans la création de Delavallet Bidiefono : Monstres/On ne danse pas pour rien et travaille avec Yann Da Costa dans Loveless et les Détaché.e.s, avec Gianni Gregory Fornet dans Oratoria Vigilant Animal, Anne Contensou pour Elle/Ulysse, Arnaud Troalic dans Polis.
Son dernier spectacle autour du football féminin et des discriminations, Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute, a été crée en novembre 2018 à la Ferme du Buisson, et représenté notamment aux CDN de Rouen, de Dijon, et à la Scène Nationale d'Orléans. En 2019, elle conçoit et interprète avec Pierre Guillois le spectacle Sa bouche ne connaît pas de dimanche – fable sanguine, dans le cadre de l'édition 2019 de Vive le sujet (festival d'Avignon/SACD).
En 2020, Rébecca devient artiste associée au Théâtre de la Manufacture – CDN de Nancy, et y crée fin 2021 : Carte Noire nommée Désir.
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