L'Invitation au voyage, c'est l'une des partitions les plus exquises d'Henri Duparc, sur l'illustre poème de Baudelaire. Laissons- nous emporter par Sandrine Piau et sa complice Corine Durous sur les ailes de la mélodie et du lied jusqu'au pays où tout n'est que 'luxe, calme et volupté'.
Si Sandrine Piau s'est imposée dans les plus grands rôles de l'opéra baroque, son répertoire ne se cantonne pas à une période ou un genre. Elle aborde avec la même ardeur la mélodie, pour en évoquer les clairs-obscurs ou les reflets, et aujourd'hui l'aspiration au voyage. Certes, la promenade schubertienne est souvent solitaire ; là où se trouve le Wanderer, le bonheur n'est pas. Mais avec Wolf, le romantisme allemand s'enrichit au contact de la poésie populaire espagnole ou italienne. Parce que la mélodie et le lied sont la voix des sentiments les plus intimes, Clara Schumann chante les passions secrètes, Lili Boulanger une foi subtile et le souhait de gagner les Clairières dans le ciel que lui ont inspirées les poèmes de Francis Jammes. Rejoignons Poulenc en Afrique ou au Tibet, à Narbonne si ailleurs est trop loin. Retrouvons Ravel en Écosse, en Espagne ou en Asie. Sandrine Piau préfère choisir la destination au dernier moment mais nous donne un indice : nous passerons par le 'là-bas' de Baudelaire, célébré par Duparc.
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