'Vous faites jouer de la flûte au violoncelle et du tambour par le violon', écrit Hélène Jourdan Morhange à propos de la Sonate pour violon et violoncelle. La musique de chambre est un extraordinaire terrain de jeu pour le génial orchestrateur qu'est Ravel. Quitte à inventer de toutes pièces des formations nouvelles et à imaginer une écriture de harpe aux harmoniques irréels. À propos de son Introduction et Allegro, Ravel confie : 'Ce n'est pas, à proprement parler, une pièce d'orchestre. Sept instruments en tout. Mais cela pourrait s'arranger.' Avec sonates, trio et quatuor, Ravel s'inscrit dans l'histoire, se confronte à Debussy et rend hommage à Fauré. Offrant à son professeur une Berceuse, il expérimente aussi la virtuosité dans Tzigane, s'inspire du blues américain dans la Seconde Sonate pour violon. Amoureux de la voix, il réinvente la mélodie grâce à des combinaisons sonores inédites, saisit les 'pensées ailées' et 'rêveries inconscientes', comme il les définit, de Mallarmé. Succombant au charme exotique, ses Chansons madécasses n'en dénoncent pas moins le colonialisme. Redevenu tambour, le violoncelle fait renaître la musique malgache, 'simple, aimable et toujours mélancolique'.
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