Nul besoin de choisir entre une promenade au jardin d'Éden et le Paradis gardé par saint Pierre : les danses d'Ernest Bloch et de Noah Bendix-Balgley sont une parfaite introduction à la ' Vie céleste ' de Mahler, pour un concert empli de joie, de nostalgie et de ferveur.
De son propre aveu, Gustav Mahler était trois fois étranger sur terre : 'comme natif de Bohême en Autriche, comme Autrichien en Allemagne, comme juif dans le monde entier'. Pour obtenir le poste de directeur musical de l'Opéra de la Cour, à Vienne, il dut tourner le dos à ses origines juives et se convertir au catholicisme. Dans sa Quatrième Symphonie, il associe la voix à l'orchestre, trouvant à nouveau l'inspiration dans un recueil poétique qui lui est cher : Le Cor merveilleux de l'enfant. 'La Vie céleste' : telle est la promesse du finale. Mais pour goûter les joies du Paradis, encore faut-il s'extraire de l'existence terrestre, oublier la valse colorée par les flûtes et les grelots, se moquer du scherzo grotesque d'un 'violon de la mort'. C'est à ce prix que la musique livrera son message d'espoir… Fidl-Fantazye : fidl pour le nom yiddish du violon, fantaisie pour ces motifs qui s'enchaînent jusqu'à l'ivresse. Ayant grandi au sein d'une famille imprégnée des traditions artistiques juives, Noah Bendix-Balgley reprend dans son Concerto klezmer différents thèmes bien connus, dont certains ont été déjà utilisés par Mahler. Une démarche très différente de celle d'Ernest Bloch, qui préférait souvent inventer ses propres mélodies et se défendait de vouloir travailler à la restauration de la musique juive. 'Je ne suis pas un archéologue', aimait-il à répéter. Finalement, toutes les musiques ne mèneraient- elles pas au Paradis ?
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