De petits arrangements en fausses confidences, pour la richesse ou le pouvoir, la manipulation fonctionne à plein dans ce classique intemporel. Rencontre entre deux maîtres du théâtre pour la célébration du ' mariage des rivaux '.
Araminte, riche veuve, est encouragée à épouser le comte Dorimont par sa vieille mère. Rien de plus normal dans la bourgeoisie du 18e siècle que dépeint Marivaux. Mais c'est Dorante, un jeune avocat qui tombe fou d'amour pour elle. Et pour l'approcher, il se fait embaucher chez elle comme intendant. De petits arrangements en fausses confidences, la manipulation fonctionne à plein. Et pour une fois, c'est le personnage le plus désargenté qui dissimule sa condition sociale.
Alain Françon se glisse à nouveau avec gourmandise dans l'œuvre de cet auteur qu'il avait monté au début des années 80 ("La Double inconstance"). Comme avec "La Seconde Surprise de l'amour" en 2019, il cherche à savoir ce que disent les personnages et non ce qu'ils font. Et tout s'éclaire.
Sans académisme mais avec simplicité, il déleste les interprètes, notamment Gilles Privat, Georgia Scalliet, Pierre-François Garel et Dominique Valadié de toute psychologisation. Pour ne garder que l'essentiel : leur ressenti au détriment de la raison. Françon rend ainsi à l'auteur des Lumières la liberté et le désir qui guident ses célébrissimes pièces. Et célèbre le ' mariage des rivaux ' comme le dit joliment de Marivaux l'essayiste Michel Deguy.
De Marivaux Mise en scène Alain Françon Avec Pierre-François Garel, Guillaume Lévêque, Gilles Privat, Yasmina Rémil, Séraphin Rousseau, Alexandre Ruby, Georgia Scalliet, Maxime Terlin, Dominique Valadié
|