Un homme parle à des animaux, c'est-à-dire à des êtres sans réponse. Il parle à trois cents yeux muets. Cet homme prononce le monologue emblématique de Valère Novarina, interprété par le comédien André Marcon depuis bientôt quarante ans. Une suite de onze ' promenades ', une navigation dans l'intérieur, ou autrement dit, d'abord dans sa langue et dans ses mots.
Bloqué par la neige dans un isolement complet pendant quinze jours, Novarina a écrit Le Discours aux animaux entouré par sept chèvres, des poussins, des dindons, des moutons et un porc. ' Je poussais la porte de l'écurie et j'avais quarante-quatre yeux fixés sur moi. C'est de là qu'est venu le titre. ' La pièce déconcertera ceux qui découvrent le théâtre de Valère Novarina. Pourtant, il faut oser se lancer ici dans ce texte original et puissant dont la parole est le pivot et le principal questionnement. Parole de l'homme aux animaux silencieux qui écoutent. Acclamé pour ses prestations dans Le Malade imaginaire de Molière accueilli à MA, et dans de très nombreuses autres pièces aux côtés des plus grands metteurs en scène, le comédien multiprimé André Marcon donne à voir et entendre une inoubliable performance. Seul sur scène, vêtu de sombre dans une absolue simplicité, laissant toute la place aux mots qui sort de lui en fleuves bouillonnants. Il occupe l'espace de sa puissance, vivant sa partition jusqu'à l'extrême de ses forces, pour la transmettre intacte malgré les acrobaties linguistiques qu'elle comporte. Une aventure fondamentale à vivre dans la salle intime que sont les Bains Douches.
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